Chaque tunnelier utilisé pour le Grand Paris Express coûte 20 millions d’euros, pour creuser au maximum 12 mètres par jour. / THOMAS SAMSON / AFP

Plus d’une soixantaine de maires et d’élus de Seine-Saint-Denis, toutes tendances politiques confondues, ont envoyé jeudi 31 mai une lettre ouverte au président de la République pour protester contre le retard annoncé du Grand Paris Express. Ils lui ont notamment rappelé son engagement répété à lutter contre « l’assignation à résidence » en favorisant la mobilité.

« Parent pauvre des transports »

En février, le gouvernement avait annoncé un nouveau calendrier pour la réalisation du métro du Grand Paris, afin d’éviter un dérapage des coûts de ces 200 kilomètres de lignes, 68 gares et 7 centres techniques. Il avait ainsi fixé deux priorités : les lignes « qui bénéficient au plus grand nombre de Franciliens » et « nécessaires pour le bon déroulement des Jeux olympiques de 2024 », et la ligne 16 entre le Bourget-RER et la future gare de Clichy-Montfermeil qui permettra de désenclaver les cités sensibles de ces communes.

Mais ce nouveau calendrier est loin d’avoir rassuré les élus de Seine-Saint-Denis, qui estiment leur département « particulièrement touché par ce recalage, puisque les lignes 15 Est, 16 et 17 qui doivent [le] desservir prennent cinq à six ans de retard ». Ils s’inquiètent aussi de retards sur les lignes 11, 12 et 14, ainsi que sur des lignes du tramway et rappellent que « ces nouvelles infrastructures sont pourtant cruciales pour notre département, qui a longtemps été le parent pauvre des transports en mode lourd en Île-de-France »

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Insistant sur le dynamisme de leur territoire, dans « le top 5 » des départements créateurs d’entreprises, ils appellent à un « rééquilibrage emploi-habitat indispensable », qui « ne pourra se poursuivre sans moyens de transport supplémentaires ». Les élus soulignent avoir construit de nombreux logements (17 000 permis délivrés en 2016, soit 18 % du volume régional) et demandent à l’Etat d’« honorer sa part du contrat » et de reconsidérer le calendrier des projets de transport.

Manque de concertation

Dans leur courrier, ils rappellent à Emmanuel Macron ses engagements pris lors de son discours sur les banlieues : « La politique d’émancipation permettant à chacun de pouvoir aller vers ce à quoi il aspire, la volonté qu’il n’y ait plus cette assignation à résidence sociale ou territoriale, que vous évoquiez dans votre discours du 22 mai, passent aussi et surtout par un accès facilité à la mobilité et donc par un développement du réseau de transport dans ces quartiers, dans nos quartiers ».

Début avril, le gouvernement avait déjà suscité l’ire des élus locaux en nommant Thierry Dallard comme président du directoire de la Société du Grand Paris, chargée de superviser le Grand Paris Express. Les présidents des sept départements d’Ile-de-France avaient décidé de ne pas voter pour cette nomination, dénonçant le manque de concertation et protestant également contre le nouveau calendrier.