TV – « Soupçons » touche à sa fin
TV – « Soupçons » touche à sa fin
Par Mathieu Ait Lachkar
Notre choix du soir. Jean-Xavier de Lestrade, qui a suivi pendant quinze ans l’affaire Michael Peterson, met le point final à une œuvre aux allures de thriller (sur Canal+ à 22 h 35).
Le 9 décembre 2001, Durham, Caroline du Nord. Michael Peterson appelle les urgences, paniqué. Sa femme, Kathleen, 49 ans, gît au pied de l’escalier de la maison familiale. Deux ans plus tard, l’écrivain, qui clame toujours son innocence, est condamné pour meurtre. C’est le début d’un récit judiciaire aux nombreux soubresauts, auquel Jean-Xavier de Lestrade a consacré une série documentaire dont Canal+ rediffuse l’intégralité, dont trois épisodes inédits qui constituent l’épilogue.
Michael Peterson et son avocat David Rudolf. / WHAT'S UP FILMS
Le dernier acte de Soupçons se situeen juillet 2014, alors que l’affaire Michael Peterson est au point mort depuis deux ans. A 71 ans, « broyé par le système », selon son avocat, l’homme est toujours dans l’attente d’une décision de justice. Deux options s’offrent à lui : plaider coupable, ou se lancer dans un nouveau procès, prenant le risque de retourner derrière les barreaux.
Jean-Xavier de Lestrade se concentre sur les états d’âme de son personnage ; un grand-père fatigué, au regard triste. Un portrait pour le moins pathétique qui tranche avec le piquant des premiers épisodes, où le réalisateur s’attachait, à travers la trajectoire d’un homme, à décortiquer les subtilités, mais aussi – et surtout – les absurdités de la machine judiciaire américaine.
Ce virage sentimental est sans nul doute lié à la trame de ces derniers volets, beaucoup plus décousue. L’épilogue s’étire entre dépôts de requêtes, négociations et attente. Pour la combler, le documentariste se concentre sur les scènes de famille et les confidences de Peterson. Avec pour résultatde donner le sentiment d’une forme de parti pris pour le meurtrier présumé.
Pour autant, les lacunes de ce dénouement n’altèrent en rien la qualité de Soupçons. Considérée dans sa globalité, l’œuvre parvient, malgré une chronologie et une justice américaine sibyllines, à rendre compte d’une affaire passionnante, qui flirte par moments avec la fiction. Jean-Xavier de Lestrade apporte une conclusion émouvante à cette incroyable histoire, racontée en treize chapitres tournés sur près de quinze ans. Point final d’une œuvre addictive qui saura faire jurisprudence en la matière.
Soupçons (The Staircase), de Jean-Xavier de Lestrade (Fr., 13 × 52 min). Les épisodes sont diffusés tous les jeudis du 31 mai au 5 juillet.