Léa Taillefert / Léa Taillefert

Partir oui. Mais revenir. Ou plutôt rester. Rester en France pour y apprendre de quoi… partir. Tel est le sujet du supplément dédié aux études internationales, paru dans Le Monde du 24 mai. Le paradoxe n’est qu’apparent.

« France is in the air », susurre la publicité d’Air France. En effet. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, la France est dans l’air… du temps. Ce supplément explore ces secteurs où elle est aux avant-postes de la mondialisation de l’enseignement supérieur. De cette French touch qui fait la « France éternelle » à cette French tech dont on nous rebat les oreilles depuis que ce vieux et beau pays s’est (re)mis « en marche ».

De la gastronomie à l’astronomie, de la parfumerie à l’ingénierie, des mathématiques à la robotique, ces domaines de pointe « que le monde entier nous envie » paraît-il – et nous copie, surtout – ont leurs filières, leurs cursus, leur particularisme, qui ouvrent de vraies perspectives pour les étudiants qui ont la bougeotte (intellectuelle et culturelle autant que géographique).

Osons le mot : French teach. L’art d’enseigner à la française. Du savoir-vivre au savoir-faire. Des indé­modables du rayonnement de la France – mode, cuisine, vin, parfum, luxe – aux incontournables technologiques et scientifiques pour lesquels nos formations sont mondialement reconnues – animation, ingénierie, artisanat d’art… On verra dans ces pages pourquoi choisissent la France ces « étudiants voyageurs » qui vont et viennent d’un pays à l’autre pour s’inscrire dans la mondialisation. Ils sont 325 000 en 2017 à avoir posé leur baluchon au pays de Molière, selon le dernier pointage de Campus France. France « terre d’accueil pour les meilleurs cerveaux du monde », veut-on croire à l’Edhec. Un atout décisif que ce soft power.

Signe des temps : la première des dix nouvelles résidences étudiantes que va construire la « Cité U » de ­Paris d’ici à 2020 sera le « Jardin de l’harmonie » de la Fondation de Chine. Premier coup de pioche cet été.

Quatrième destination mondiale et première ­francophone, la France est au pied du podium mondial. « La place de la conne » comme disait la triple ­championne olympique Marie-José Pérec ? Le défi macroniste est là : construire une image de marque digne de la deutsche Qualität allemande ou de ­l’American dream. A l’heure où c’est plutôt la Chine qui est in the air

Le petit Prince devrait relire Saint-Exupéry : « La France n’est point une déesse abstraite. La France n’est point un manuel d’histoire. La France n’est point une idéologie. (…) Sinon, comment saurais-je vers où et vers quoi revenir ? » Partir, revenir…

Chiffres

4,6 millions, c’est le nombre d’étudiants en ­mobilité dans le monde entier, selon l’Unesco. Il y a dix ans, ils étaient 2,8 millions. Et pourraient atteindre les 9 millions en 2025.

323 933 étudiants étrangers ont suivi un cursus en France en 2016-2017, soit une progression de 4,6 % sur un an ­selon les chiffres ­publiés le 12 avril par Campus France.

5 000 étudiants étrangers supplémentaires ont été ­recrutés en cinq ans par les grandes ­écoles de commerce, une hausse de 23,7 %.

71 % des étudiants étrangers sont ­accueillis par les universités, avec une augmentation se limitant à 5 % en cinq ans.

45 % des étudiants ­internationaux ­accueillis en France sont africains.

28 760 étudiants ­chinois se sont ­inscrits pour des formations ­diplômantes en France pour l’année universitaire 2016-2017. Un recul de 1,2 % entre 2010 et 2016.

56,4 %, c’est la croissance du nombre d’étudiants chinois dans les écoles d’ingénieurs françaises entre 2014 et 2016. Dans les écoles de ­commerce de l’Hexagone, elle a été de 11,7 %.

Des suppléments et un salon du « Monde », pour partir à l’étranger

Le Monde a publié, dans son édition datée du 24 mai, un supplément de huit pages consacré aux écoles dans les secteurs de l’excellence française – la fameuse « french touch » –, qui permettent à leurs diplômés de partir étudier ou travailler à l’étranger. Ses articles sont progressivement mis en ligne sur cette page du Monde Campus. Dans l’édition datée 5 juin, un cahier spécial sera consacré aux destinations préférées des expatriés et à l’impact de la vague numérique sur l’offre d’emploi à l’international.

Le Forum Expat 2018, organisé par le groupe Le Monde mardi 5 juin (jusqu’à 21 heures) et mercredi 6 juin à la Cité de la mode et du design, à Paris, réunira de nombreux acteurs de l’expatriation et d’anciens expatriés, pour permettre aux candidats au départ de s’informer pour travailler, entreprendre, vivre au quotidien et gérer son patrimoine à l’étranger. Sont également prévues des conférences thématiques animées par des journalistes de Courrier international et des experts en mobilité. Entrée gratuite, préinscription recommandée.