Maroc : 14 suspects poursuivis après une agression pour non-respect du ramadan
Maroc : 14 suspects poursuivis après une agression pour non-respect du ramadan
Le Monde.fr avec AFP
La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant le passage à tabac d’un homme et d’une femme a suscité l’indignation.
Devant la mosquée Hassan-II de Casablanca, pendant le mois de ramadan 2014. / FADEL SENNA / AFP
Quatorze personnes suspectées d’avoir passé à tabac un homme et une femme qu’ils accusaient de ne pas respecter le ramadan doivent comparaître, mardi 5 juin, devant le tribunal de Safi, à 400 km au sud de Rabat. Une vidéo de l’agression a circulé sur les réseaux sociaux, sucscitant l’indignation.
Les mis en cause, « âgés de 28 à 31 ans », sont poursuivis pour « vol, coups et blessures, et détérioration d’un bien appartenant à autrui », a déclaré lundi à l’AFP un porte-parole du ministère public.
Cagoulés et armés de bâtons
Le parquet avait ouvert une enquête après la diffusion des images sur les réseaux sociaux, fin mai. Elles montraient un groupe d’individus cagoulés et armés de bâtons en train d’injurier une jeune femme au visage ensanglanté et un homme, qui se trouvaient dans une camionnette, dans un village près de Safi.
Les assaillants justifiaient leurs actes par le fait que les victimes « s’apprêtaient à manger pendant le ramadan » et à « avoir une relation sexuelle ».
Certains des agresseurs présumés, qui se présentent comme des travailleurs agricoles, ont témoigné à visage découvert dans la presse locale et affirmé qu’ils cherchaient à dissuader les victimes de « commettre un péché ».
La rupture du jeûne en public interdite
L’homme victime des violences s’est présenté dans les médias marocains comme un chauffeur de taxi clandestin et la jeune femme comme une étudiante. Ils ont été entendus par la justice et ne seront pas poursuivis, a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère public, démentant des affirmations de la presse locale selon lesquelles ils étaient visés par une procédure pour « adultère ».
La loi marocaine interdit les relations sexuelles hors mariage, passibles de peines pouvant aller jusqu’à un an de prison, ainsi que la rupture du jeûne en public, qui peut être punie de un à six mois de prison.
Durant le mois de ramadan, les musulmans sont invités à s’abstenir de boire, de manger et d’avoir des relations sexuelles, de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Le respect de cette période de jeûne est l’un des cinq piliers de l’islam.