Manifestation de l’opposant Moïse Katumbi (à gauche centre en blanc avec une écharpe bleue) et de ses partisans, le 13 mai 2016, à Lubumbashi. | © Kenny Katombe / Reuters / REUTERS

Une centaine de membres de l’opposition politique et de la société civile congolaises ont prévu de se réunir, mercredi 8 juin et jeudi, à Bruxelles pour exiger la tenue de l’élection présidentielle avant le terme du mandat du président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila.

L’ouverture du « conclave », qui devait avoir lieu mercredi matin dans un grand hôtel proche de la capitale belge, a cependant dû être repoussée à 17 heures pour pouvoir accueillir des retardataires partis de Kinshasa mardi soir.

Deux des principaux adversaires de M. Kabila, 45 ans, au pouvoir en RDC depuis 2001, devraient être présents : l’opposant historique Etienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), 83 ans, et l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, 51 ans, candidat déclaré à la présidentielle.

Autour d’eux devraient également se trouver les opposants Martin Fayulu, Gabriel Kyungu, ou encore Raphaël Katebe Katoto.

« Pas concernés »

Côté société civile, le mouvement de jeunes indignés de la Lutte pour le changement (Lucha) et la Coalition des 33 ONG de promotion et de défense des droits de l’homme devraient être représentés.

« L’objectif est que les forces acquises au changement parlent d’une voix commune et peut-être annoncent la création d’une nouvelle structure pour arriver à faire respecter la Constitution », a précisé une source au courant des discussions préparatoires.

Le Mouvement de libération du Congo (MLC) et l’Union pour la nation congolaise (UNC) deux principales forces d’opposition à l’Assemblée nationale, ont néanmoins déclaré à l’AFP « ne pas être concernés » par cette réunion.

Ancien allié de poids du président Kabila, Moïse Katumbi est passé dans l’opposition en septembre 2015 en même temps qu’il démissionnait de ses fonctions de gouverneur du Katanga, province du sud-est de la RDC démantelée depuis, et qu’il accusait le chef de l’Etat de chercher à violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. En mai, M. Katumbi a été inculpé par Kinshasa « d’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat » pour « avoir récruté des mercenaires ». Fin mai, il a quitté la RDC pour l’Afrique du Sud, officiellement pour s’y faire soigner. Il a ensuite rejoint Londres.

« Coup d’Etat institutionnel »

En RDC, la Constitution interdit au chef de l’Etat, dont le mandat expire en décembre, de se représenter. La perspective d’une présidentielle avant la fin de l’année semble toutefois chaque jour plus improbable. Le 11 mai, Joseph Kabila obtient un arrêt de la Cour constitutionnelle l’autorisant à rester en poste jusqu’à l’élection et l’installation d’un nouveau président. L’opposistion et la société civilie ont dénoncé un « coup d’Etat constitutionnel » et appellé, le 26 mai, à une manifestation nationale.

M. Kabila a ensuite proposé la tenue d’un « dialogue national » auquel la majeure partie de l’opposition refuse jusqu’ici de participer, y voyant un piège destiné à permettre au président de s’éterniser à la tête du pays.

Le conclave pourrait changer la donne puisque les participants « devraient se pencher sur un plan d’actions et évoquer une transition » entre la fin du mandat de M. Kabila et de nouvelles élections, a estimé la source proche des organisateurs.