Dominic Thiem met fin à l’épopée de Marco Cecchinato à Roland-Garros
Dominic Thiem met fin à l’épopée de Marco Cecchinato à Roland-Garros
Par Elisabeth Pineau
L’Autrichien a logiquement dominé la surprise italienne de ce tournoi en trois sets et se qualifie pour sa première finale en Grand Chelem.
La rigueur germanique a éteint le feu transalpin. Dominic Thiem vient de siffler la fin de la récréation du demi-finaliste de Roland-Garros le plus mal classé du siècle en éliminant Marco Cecchinato, vendredi 8 juin, lors de la première des deux demi-finales (7-5, 7-6, 6-1). Un match au cours duquel l’Autrichien est parvenu à capitaliser sur ce qui lui avait fait défaut lors de ses deux précédentes demi-finales, en 2016 et 2017 : son jeu, tout simplement.
Cette fois, il n’y a pas un Djokovic ou Nadal de l’autre côté du filet et cela change. Face à eux, Thiem avait fait petit garçon, rattrapé par la pression et perdu sur un central devenu trop grand pour lui. Face à l’étonnant Cecchinato, Thiem (24 ans) porte la pancarte de favori et l’assume d’entrée. Il envoie des boulets de canon au service et à peu près autant en coup droit, sa marque de fabrique.
Pour son adversaire, c’est le jour des premières : première fois que Marco Cecchinato foule la terre du court Philippe-Chatrier et a fortiori première fois que le 72e mondial dispute une demi-finale de Grand Chelem, lui, l’habitué du circuit secondaire. Mais les spectateurs munis de billets qui ont bien voulu prendre la peine de se déplacer (les ramasseurs de balles et les personnels de la Fédération française de tennis ont été aimablement invités à combler les trous dans les loges, image chaque année un peu plus calamiteuse…) peuvent le constater : l’Italien n’est pas venu pour proposer une candidature de témoignage.
Le temps de quelques jeux pour prendre ses marques sur ce court gigantesque semblable à aucun autre, et Cecchinato retourne sur son nuage. Il efface le break concédé prématurément et recolle à 4-4. L’Italien prend la balle tôt et varie aussi bien au service et dans l’échange : un festival de volées bien senties, un petit lob par ci, des revers longs de ligne ou courts croisés par là, avec cette patte gauche, il sait à peu près tout faire.
Dans ce match de revers à une main – la première demi-finale 100 % revers à une main depuis 2002 et le match Costa-Corretja – le public a très vite choisi son camp et pousse derrière l’outsider. Mais Thiem, qui n’offre que très peu de points gratuits, profite d’une saute de concentration de l’Italien à 5-5 pour repasser devant et marquer les trois derniers jeux. Avec 78 % de points gagnés sur premier service contre seulement 62 % pour l’Italien, la première manche lui échoit logiquement (7-5).
Dominic Thiem salue le public de Roland-Garros après sa qualification pour la finale vendredi 8 juin. / ALESSANDRA TARANTINO / AP
Un deuxième set décisif
Sous les yeux de Nicola Pietrangeli, vainqueur deux fois des internationaux de France, Marco Cecchinato montre que sa présence en demi-finale n’a rien d’une usurpation. Au deuxième set, il fait jeu égal avec Thiem et voilà les deux joueurs contraints de se départager au tie-break. Et quel tie-break… L’Autrichien mène rapidement 6-3 et l’on se dit que l’affaire est pliée. Mais ses jambes se mettent à trembler : une volée vendangée, un retour boisé et voilà l’Italien qui revient à hauteur.
Les « Mar-co » redoublent et les coups de génie aussi. L’Italien est sur tous les coups, il cravache, joue juste et va jusqu’à se procurer trois balles de deuxième set. Mais sur son cinquième essai, Thiem parvient enfin à déborder l’Italien en coup droit et conclut finalement 12-10. La frustration gagne Cecchinato, qui en fracasse sa raquette sur son sac.
Le Sicilien ne s’en remettra pas. Au troisième set, il perd tout éclair de lucidité : à force d’abuser des amorties, il se fait prendre à son propre jeu. En face, Thiem accélère. Cecchinato balance les jeux un par un et se retrouve bientôt mené 4-0. Il évite la roue de bicyclette mais est définitivement résigné. L’Autrichien, lui, est définitivement libéré.
Juste une légère hésitation au moment de conclure mais sur un ultime coup droit gagnant, le voilà qualifié pour la première finale de Grand Chelem de sa carrière (7-5, 7-6, 6-1). A une marche de l’exploit qu’on lui promet depuis longtemps. « J’ai fait jeu égal avec l’un des meilleurs joueurs sur terre pendant deux sets, résumera le perdant en conférence de presse, le regard dans le vide. Mon objectif maintenant, c’est le top 20. Tout le stade aujourd’hui était pour moi, ça restera mon meilleur souvenir de la quinzaine. »