Ces fidèles historiques déçus par l’an I du quinquennat
Ces fidèles historiques déçus par l’an I du quinquennat
Par Cédric Pietralunga
Immigration, corps intermédiaires, programme économique... Plusieurs sujets heurtent de plus en plus des soutiens du chef de l’Etat.
Bientôt un cercle des macronistes disparus ? Outre les économistes Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, qui ont adressé une note à l’Elysée pour pointer le manque d’équilibre de la politique menée par le premier ministre, Edouard Philippe, plusieurs soutiens du chef de l’Etat se disent aujourd’hui déçus par le début de quinquennat de leur champion.
Les premières salves furent tirées dès cet hiver, à l’occasion des mesures prises par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, en matière d’immigration. « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez ! », avaient dénoncé, dans une tribune publiée par Le Monde le 16 janvier, Thierry Pech et Lionel Zinsou, directeur général et président de Terra Nova, Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde, et – déjà – M. Pisani-Ferry, tous pourtant soutiens actifs de M. Macron durant la campagne. Le Prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio, que le président de la République aimait citer dans ses discours, avait aussi fait part de sa défiance sur ce sujet.
La façon dont le chef de l’Etat traite les corps intermédiaires, notamment les partenaires sociaux, heurte également certains rocardiens, qui voyaient dans Emmanuel Macron l’héritier de l’homme de la deuxième gauche. Ces dernières semaines, en privé mais aussi en public, Jean-Paul Huchon, l’ex-président de la région Ile-de-France, ou Pierre Pringuet, ancien responsable de l’association patronale AFEP, ont fait part de leur désappointement face à la verticalité assumée par le chef de l’Etat. L’écologiste Corinne Lepage, qui fut membre du comité politique d’En marche ! avant de s’éloigner du mouvement, a même publié un livre sur le sujet, A bout de confiance (Autrement, 2017).
D’autres se disent enfin décontenancés par les sorties dans les médias des ministres de Bercy Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin, soulignant notamment leur obsession de la réduction des déficits, très éloignée à leurs yeux du projet de « transformation » prôné par M. Macron. « C’est dur, on voit bien qu’ils n’ont pas participé au programme quand ils font certaines déclarations. On se demande même s’ils l’ont lu… », s’interroge l’un d’eux.