Chronique Phil’d’actu. Depuis le mois d’octobre, j’ai essayé de montrer dans cette chronique que la philosophie ne se trouve pas seulement dans les livres et dans les salles de cours. Philosopher est d’abord un verbe, un « acte de penser », et un fait divers, une chanson, un film, n’importe quel événement peut être l’occasion de philosopher.

Comme le bac se rapproche à grands pas, je vous propose aujourd’hui de lire ou relire certaines de ces chroniques en les intégrant à votre programme de révision. J’espère qu’elles vous apporteront des arguments, des exemples, un peu de nourriture à votre réflexion. Et surtout que vous vous direz qu’on peut faire de la philosophie même après avoir eu son bac, toute sa vie pourquoi pas…

Rendre ses antisèches en même temps que sa copie ou répondre simplement « c’est ça » au sujet de philosophie « qu’est-ce que le courage ? » sont de bons moyens de devenir un mythe scolaire. / Fabrice Erre

Le sujet

Qui suis-je ? En voilà une question ! Et pourtant, qui ne se l’est jamais posée ? Pour ce faire, il faut s’interroger sur ce qui, en moi, « est mien » et ce qui provient des autres, certains penseurs allant jusqu’à dire que nous sommes entièrement déterminés par la société.

Le déterminisme pose le problème de la conscience : si je suis bien conscient de ce que je fais, je ne sais pas toujours pourquoi je le fais, autrement dit quelles sont les causes et les motifs de mes actes et de mes désirs.

Si la société m’influence, cela signifie qu’autrui joue un rôle dans la construction du moi. Il est illusoire de désirer être imperméable à son regard et à sa présence. Cependant, la relation n’apporte pas que des bienfaits : autrui est toujours un risque.

Un artiste peint sur des vestiges du Mur de Berlin peu après son démantèlement. Octobre 1990 /Leonard Freed / © Leonard Freed / Magnum Photos / Leonard Freed / © Leonard Freed / Magnum Photos

La culture

L’homme n’est pas seulement un être naturel, soumis à des besoins physiologiques : c’est un être de culture, qui adapte son environnement à ses besoins, crée des œuvres durables, développe et transmet son savoir.

Les grottes ornées nous prouvent l’ancienneté du besoin de créer. L’être humain ne désire pas seulement ce qui lui est utile, mais aussi ce qui est beau. C’est pourquoi les œuvres d’art ont une importance considérable dans toutes les cultures.

Ce désir de créer et de laisser des traces de son passage sur terre traduit la dimension spirituelle de l’être humain. Il a besoin de héros pour lui servir d’exemples, de rites pour « faire corps » avec ses semblables, de récits, de symboles…

Statue d’Alexandre le Grand à Thessalonique, le 12 juin 2018 / AFP / Sakis MITROLIDIS. / SAKIS MITROLIDIS / AFP

La raison et le réel

Nous vivons une époque étrange où se mêlent excès de raisonnement (les fameuses « théories du complot ») et opinions brutales et hâtives (sur les réseaux sociaux notamment). Voilà qui interroge le rapport qu’entretient l’esprit humain au réel. Car au-delà de la perception immédiate, la compréhension exige l’information, l’organisation, l’interrogation…

Aujourd’hui, le développement scientifique et technique est prodigieux et nous faisons des progrès stupéfiants dans bien des domaines. Cependant, ces progrès entraînent aussi le scientisme qui se caractérise par un excès de confiance dans la science, au mépris d’autres savoirs et savoir-faire, voire de l’éthique.

L’épistémologie (« la science des sciences ») est absolument nécessaire pour bien comprendre ce qui distingue une proposition scientifique d’une proposition pseudo-scientifique. Sans ce recul, l’apparence de rationalité peut être utilisée à des fins de propagande idéologique ou politique.

Emmanuel Macron devant le buste de Voltaire (1694-1778), au Château de Ferney-Voltaire. 31 mai 2018 / AFP / Fabrice COFFRINI / FABRICE COFFRINI / AFP

La politique

Du grec polis, la cité, la politique désigne la réflexion sur l’organisation de la société : comment les hommes vivent-ils collectivement et comme devraient-ils vivre ? Car examiner les forces et les failles d’un système permet de proposer des solutions pour l’améliorer. La philosophie politique implique toujours une part de critique.

Vivre en société ne signifie pas que tout le monde est d’accord sur tout. Chaque personne et chaque groupe est susceptible d’avoir sa propre vision, ses propres fins. Comment accorder ces divergences ? Faut-il les déplorer ou plutôt y voir un principe moteur permettant à la société de progresser ?

Parmi ces divergences se pose le problème de la justice. Obéir à la loi semble nécessaire pour vivre en harmonie. Mais que faire si la loi nous paraît injuste ? Faut-il faire passer en premier ses propres normes et valeurs, ou bien celles de l’Etat ?

« Pendant le Mondial, la répression continue. » Manifestation place de la République à Paris de Reporters sans frontières (RSF) contre le régime russe à l’occasion de la Coupe du monde de football à Moscou. / AFP / JACQUES DEMARTHON / JACQUES DEMARTHON / AFP

La morale

Le terme « morale » semble un peu galvaudé. Pourtant, il ne fait que renvoyer vers cette question universelle : que faut-il faire ? La philosophie, dès l’Antiquité, a proposé des voies vers la vie bonne, qui cherche à concilier au mieux le bien et l’agréable. Mais la tâche n’est pas aisée : comment savoir ce qui est bien ? Comment trouver la force de renoncer à des avantages matériels au nom de valeurs ?

Réfléchir sur le sens et les conséquences de nos actes revient aussi à s’interroger sur notre responsabilité, et par conséquent sur notre liberté. Car si je ne suis pas libre de ce que je fais, puis-je en être tenu pour responsable ? Cette question sous-tend le débat au sujet du déterminisme.

Enfin, une vie bonne doit être aussi une vie heureuse. Tout le monde recherche le bonheur, mais comment l’atteindre ? Pour beaucoup, être heureux signifie satisfaire ses désirs, ou encore faire ce qu’on veut, sans contrainte. Attention, cependant, à ne pas confondre le bonheur avec le divertissement.

Bon courage à toutes et à tous !