Bac 2018, SES : «L’épreuve composée n’est pas plus facile a priori que la dissertation »
Bac 2018, SES : «L’épreuve composée n’est pas plus facile a priori que la dissertation »
Méthode de révisions pour l’épreuve de sciences économiques et sociales du bac ES, jeudi 21 juin, structure de l’épreuve…, les réponses de Tiphaine Colin, enseignante de SES, aux questions d’internautes.
Epreuve du bac au lycée Clémenceau de Nantes / Alain Le Bot / Photononstop
Jeudi 21 juin aura lieu l’épreuve de sciences économiques et sociales (SES) pour les futurs bacheliers en économie. A l’approche de celle-ci, Tiphaine Colin, enseignante de SES au lycée Baudelaire de Roubaix (Nord) a répondu aux questions d’internautes lors d’un tchat, lundi 11 juin, organisé lors de notre journée spéciale de révisions de l’examen.
Est-il possible d’avoir pour le sujet de SES une partie portant sur l’économie et une autre sur la sociologie ?
Tiphaine Colin : Il y a deux épreuves en SES : La dissertation d’une part, et une « épreuve composée » de trois exercices. Le troisième d’entre eux est un raisonnement argumenté. Si celui-ci est sur un sujet d’économie, dans ce cas, la dissertation sera sur un sujet de sociologie ou de regard croisé.
Sur les références à l’actualité à « placer » dans la copie, lesquelles vous paraissent importantes cette année ?
Cela ne dépend pas de l’actualité de l’année mais bien du sujet proposé. Il ne faut pas partir de l’actualité pour réfléchir au sujet, mais voir en quoi l’actualité permet d’illustrer la réflexion.
Est-il plus judicieux de réviser une matière par demi-journée, ou bien un chapitre de chaque matière par jour ?
Il est difficile de répondre de manière générale, chaque lycéen a ses propres habitudes ou manières de fonctionner. Essayez de ne pas stresser, de reprendre vos révisions faites tout au long de l’année, et de vous faire confiance. Ne paniquez pas : il y a rarement de mauvaises surprises au baccalauréat. Mais travaillez régulièrement jusqu’au bout, sans oublier de consacrer aussi du temps à vous détendre.
Les prévisions en ligne parlent du sujet « Travail, emploi, chômage » comme extrêmement probable. Que pensez-vous des sujets probables, improbables, que nous sortent à tout bout de champs les médias ?
Personne ne sait quels sujets vont tomber. Personne n’a de boule de cristal. Les sujets qui tombent en SES utilisent des connaissances qui permettent de comprendre l’actualité. Travail emploi-chômage est un thème très intéressant, qui permet de croiser les différentes disciplines constitutives des SES et permet de traiter les différentes politiques qu’il est possible de mener contre le chômage. C’est l’actualité, effectivement, mais cela ne veut pas dire que ça a plus de chances de tomber qu’un sujet sur les « limites écologiques de la croissance », lui aussi tout autant d’actualité.
Estimez-vous enseigner une matière marquée politiquement ?
Non, ce ne sont pas des opinions que l’on présente mais différents travaux d’économistes sur les débats qui font l’actualité. Par exemple, sur les politiques de lutte contre le chômage dont nous avons parlé, il ne s’agit pas de dire qu’il faut baisser le coût du travail et augmenter la flexibilité d’un côté, ou relancer la demande de l’autre, mais de présenter ces différents aspects du débat.
Comment ne pas donner son avis dans la dissertation ?
Effectivement, il ne s’agit pas de donner votre opinion ou votre avis. Mais d’utiliser l’apport de théories et travaux en économie et SES pour répondre au sujet. Prenons un sujet tombé l’année dernière en dissertation : « Dans quelle mesure le commerce international est-il avantageux ? » Il ne s’agit pas de dire si vous êtes, vous, pour le protectionnisme ou le libre-échange. Mais de partir des travaux de l’économiste David Ricardo, par exemple, pour montrer les avantages du libre-échange, en citant aussi les travaux plus récents que vous avez vus en cours. Et il faut montrer d’un autre côté les limites pour certains pays, et dans certains cas, de s’insérer dans le commerce international. Il faut donc présenter les différents aspects vus en cours, et non prendre position.
L’EC2 consiste seulement en une stricte description des documents ? Est-ce qu’il faut l’analyser ? Si oui, nous sommes obligés de faire part de nos connaissances personnelles ?
L’EC2 est une étude de documents statistiques dont il faut analyser les informations pertinentes. Elle ne nécessite pas a priori de définir les notions mais de mettre à l’écrit les informations importantes données par le document. Il n’y a pas de problématique à apporter.
Par exemple, sur le sujet tombé au Liban cette année (« Vous caractériserez la composition sociale des couples »), il ne s’agissait pas d’expliquer d’où vient l’homogamie sociale, mais d’utiliser les données du document pour en montrer les caractéristiques de manière organisée. Cet exercice est un exercice descriptif.
Quelles sont les erreurs fréquentes à éviter lors de la rédaction ?
Ce peut être qu’il n’y ait pas de plan organisant l’argumentation et la réflexion, pas d’utilisation des éléments vus en cours, pas d’utilisation du tout des documents. Et à l’inverse, utiliser uniquement les documents n’est pas suffisant.
On entend souvent que la dissertation est mieux notée que l’épreuve composée, le choix de l’épreuve composée est-il vu comme celui de la facilité ?
Il ne faut pas se poser la question comme cela. Il faut choisir le sujet que vous préférez ou maîtrisez le mieux. II n’y a pas une épreuve a priori plus facile ou plus difficile qu’une autre.
A chaque dissertation faite en classe, la prof m’a reproché de ne pas « sortir » des documents. A quoi servent-ils si on peut à peine en parler ?
Ecoutez votre professeure. Ce qu’elle voulait sûrement dire, c’est qu’il faut sortir des documents, car ils sont uniquement là pour illustrer et étayer votre argumentation. En dissertation, ce ne sont que des documents factuels, or le sujet appelle à une réflexion beaucoup plus générale, qui utilise les notions de SES et ses mécanismes.
Il faut construire votre problématique et le plan qui y répond à partir du sujet et non pas à partir des documents.
Comment problématiser en dissertation ? Pourquoi avoir donné une question si c’est pour la reformuler ensuite ?
Problématiser c’est montrer les enjeux qu’il y a derrière le sujet. Il faut réfléchir aux « questions cachées ».
Deux exemples :
— « L’augmentation des facteurs travail et capital est-elle la seule source de la croissance ? » Dans ce cas-là, il faut problématiser autour de l’idée que la productivité et le progrès technique peuvent augmenter la croissance ; or ces idées ne sont pas directement écrites dans le sujet.
— « Y a-t-il remise en cause de l’intégration sociale aujourd’hui ? »
Derrière ce sujet se cachent des enjeux liés à la montée de l’individualisme. Mais un individualisme qui n’est pas forcément synonyme d’égoïsme. C’est plutôt un renouveau. Vous avez dû apprendre à montrer tout cela dans le cours, à travers des exemples liés aux évolutions de la famille et du travail, etc., mais aussi par les apports du sociologue Emile Durkheim.
Pour l’EC3, chaque document peut-il alors constituer un argument ? ou bien faut-il construire un plan plus structuré ?
Ne construisez pas votre argumentation en partant des documents, mais en partant du sujet posé. Ensuite, vous utilisez les documents pour illustrer, et pas l’inverse.
Un exemple des années passées : le sujet « Vous montrerez que les conflits sociaux sont un facteur de changement social ». Il y avait un document sur différents conflits sociaux et un sondage sur la perception de l’homosexualité. Il ne s’agit évidemment pas de faire un plan document 1/ document 2/, mais de construire une réflexion organisée en plusieurs paragraphes pour montrer que les mobilisations ont permis de faire évoluer la loi sur les droits des homosexuels, des femmes, etc.
Bac 2018 : « Le Monde Campus » aide les lycéens, depuis les révisions jusqu’aux résultats
Le Monde Campus accompagne les élèves de 1re et de terminale candidats au bac S, bac ES, bac L et bac STMG, jusqu’aux résultats de l’examen, le 6 juillet, et les rattrapages. Avec, durant les révisions, des guides méthodologiques, des ressources en lignes, des vidéos de rappels de cours, des annales et des quiz pour se préparer dans les différentes matières. Lors de l’examen, du 18 au 25 juin, seront publiés les sujets des épreuves et leurs corrigés en vidéos.
Après nos « live » de conseils pour réviser et réussir les épreuves dans les différentes matières (lundi 11 juin en philo, histoire-géo, SES, maths, physique-chimie, SVT, et mercredi 13 juin pour le bac français et l’épreuve de sciences, pour les élèves de 1ere) ; pour le premier jour des épreuves (lundi 18 juin : philosophie le matin, français pour les élèves de première l’après-midi) ; et pour les résultats (vendredi 6 juillet).
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