Des brouilleurs d’ondes dans les salles d’examens ? L’éducation nationale dément. / FREDERICK FLORIN / AFP

Les idées reçues, mythes et légendes du bac n’en finissent pas de se transmettre entre élèves, dès la première année au lycée. La foire aux questions du baccalauréat 2018, sur le site du ministère de l’éducation nationale, prend d’ailleurs soin d’en démentir plusieurs. Pour que les candidats qui composeront à compter de lundi 18 juin sachent véritablement à quoi s’attendre, Le Monde Campus a passé au crible l’origine et la véracité de douze de ces « légendes urbaines ».

  • « En histoire-géo, l’histoire ne peut pas tomber deux années de suite en majeure »

Ne vous y fiez pas ! L’alternance entre la géographie et l’histoire pour constituer la « majeure » et la « mineure » de l’épreuve commune aux deux disciplines a été constatée de 2013 à 2016. Bien que prévue par aucun texte officiel, elle était jugée certaine par une partie des candidats du bac 2017. A tort : cette année-là, l’histoire est tombée en « majeure », comme l’année précédente ! 10 000 candidats qui avaient organisé leurs révisions en vue d’une « majeure » en géographie ont été si déçus qu’ils ont signé une pétition appelant le ministère de l’éducation nationale à la « clémence » dans la notation de l’épreuve… sans obtenir gain de cause. Les professeurs le répètent à longueur d’années : faire des pronostics et s’en servir pour faire des impasses est bien trop risqué.

« On obtient 20/20 si notre copie a été perdue »

Rien ne sert d’espérer, une copie de candidat égarée avant la notation n’obtiendra pas 20/20, il faudra repasser l’épreuve. C’est ce qui est arrivé en 2012 à 34 candidats au bac ES d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) qui ont dû repasser la philosophie. La correctrice s’était fait voler son sac contenant leurs copies. Une mésaventure identique a touché 136 élèves de Gap (Hautes-Alpes) en 2013, toujours dans l’académie d’Aix-Marseille. La même année, une élève toulousaine de terminale L avait également dû repasser l’épreuve de littérature, en vain, puisque le rectorat avait finalement retrouvé sa copie initiale.

  • « Il y a des brouilleurs d’ondes dans les salles »

Il n’y a pas de brouilleurs d’ondes dans les salles d’examen, car ils sont interdits. Néanmoins, il peut y avoir des « détecteurs de portables » qui sont répartis aléatoirement dans les différents établissements de chaque académie, comme le rappelle le ministère de l’éducation nationale sur son site Internet. Pour rappel : les téléphones portables font partie des appareils non autorisés dans les salles d’examen, de même que les montres connectées. Ils doivent être impérativement éteints ; puis rangés dans votre sac. Si vous avez besoin de l’heure, pensez à prendre une montre.

  • « On peut avoir 20/20 en philo en répondant seulement Le courage, c’est ça »

« Impossible ! », affirme Elise Sultan, professeure de philosophie à Amiens et auteure de plusieurs livres de méthode sur le bac philo, notamment Les meilleures copies du bac. 10 copies authentiques pour réussir la dissertation de philosophie. « On ne donnerait jamais un sujet de définition type “Qu’est-ce que le courage ?” ou “Qu’est-ce que l’audace ?” au baccalauréat, ce sont des sujets pour l’agrégation, rappelle-t-elle. Et puis, des 20/20 au bac en philosophie, personnellement je n’en ai jamais vu… Même s’il m’arrive de mettre de très bonnes notes. » Une légende urbaine tenace, popularisée par le film Le Pion, de Christophe Gion (1978).

  • « On peut demander une nouvelle correction si on est déçu de sa note de bac »

Ce n’est pas possible, comme l’explique le ministère de l’éducation nationale, car cela aurait un « coût humain et financier » trop important. L’objectif est donc de vous préparer le mieux possible aux épreuves afin d’obtenir la meilleure note possible, du premier coup !

  • « En cas de fraude, je ne pourrai pas passer le permis de conduire pendant cinq ans »

C’est faux. Comme le précise un décret de mai 2012, le candidat qui triche ou tente de tricher au baccalauréat et qui se fait prendre peut se voir interdire de repasser le bac, pendant cinq ans maximum, et/ou interdire de s’inscrire dans un établissement public du supérieur, pendant cinq ans maximum. Mais l’examen du permis de conduire n’est pas mentionné dans l’éventail des sanctions.

  • « En philo, les notes sont données au hasard »

Elise Sultan reconnaît qu’il peut y avoir des écarts entre les notes de l’élève pendant l’année et sa note au baccalauréat, et que deux professeurs peuvent ne pas donner une note identique à la même copie. « En philosophie, il n’y a pas de barème, donc les notes dépendent bien sûr de la copie, mais aussi de l’état d’esprit du correcteur. » Certains enseignants vont par exemple sanctionner très durement les fautes d’orthographe et de grammaire, alors que d’autres vont passer outre. « Il y a des professeurs qui ne supportent pas qu’on déforme un peu la pensée d’un auteur, alors que d’autres vont plutôt valoriser l’argumentation de l’élève », ajoute-t-elle. C’est aussi une question de vécu personnel, explique-t-elle : « Un enseignant qui a eu une classe moyenne toute l’année qui se retrouve devant un paquet de copies plutôt bonnes va avoir tendance à mettre des notes plus hautes. »

Mais si les enseignants de philosophie n’ont pas de barème fixe contrairement à leurs collègues de mathématiques, Thibault Masset, professeur de philosophie au lycée Darchicourt d’Hénin-Beaumont tient à souligner que les notes sont loin d’être données au hasard. Des critères objectifs guident la notation, comme la qualité de l’expression et l’articulation de la copie. Au moment de la correction, deux réunions ont lieu : l’une en amont, afin d’établir le niveau moyen des copies à corriger, selon les sujets, les séries et l’académie. La seconde, à la fin de la période de correction, vise à harmoniser les notes : si un professeur a sous-noté ou sur-noté par rapport à ses collègues, il peut être sollicité pour enlever ou rajouter quelques points. Le but, en philosophie comme ailleurs, reste d’attribuer les notes de la manière la plus juste possible en fonction du niveau de l’élève et des exigences attendues au baccalauréat.

  • « Avoir un zéro est éliminatoire »

Contrairement à certains concours, comme celui de professeur des écoles où une note égale ou inférieure à 10/40 est éliminatoire, il n’y a pas une note en dessous de laquelle un candidat au baccalauréat serait éliminé d’office. Cependant, si vous obtenez un zéro dans une matière à gros coefficient, comme les mathématiques en S ou la philosophie en L, cela aurait un impact lourd sur votre moyenne et pourrait s’avérer difficile à compenser.

  • « Pour comprendre les sujets de philo, il faut prendre de la drogue avant l’épreuve »

Même si la philosophie peut sembler obscure, étrange, voire inaccessible à certains lycéens, nul besoin de se droguer pour réussir la première épreuve du baccalauréat. « C’est mal comprendre ce qu’on attend des candidats, décrypte Elise Sultan, la philosophie a plus à voir avec la démonstration mathématique qu’avec la littérature ou la poésie. » Il n’est pas nécessaire de « citer 10 philosophes par partie », il s’agit plutôt « d’être rigoureux » et de systématiquement « accompagner ses arguments d’un exemple, même s’il n’est pas philosophique ».

  • « On ne peut pas repasser le bac si on l’a déjà eu »

Il est possible de passer le baccalauréat une deuxième fois, même si on l’a déjà obtenu, l’année précédente ou plus tôt. C’est un moyen pour certains candidats d’avoir de meilleurs résultats, voire une mention, et ainsi d’espérer intégrer des établissements plus prestigieux l’année suivante, notamment des classes préparatoires. A noter qu’il est en revanche impossible de passer le bac dans deux séries différentes la même année.

(Cet article a été mis à jour depuis sa première publication, à l’occasion du bac 2017)

Bac 2018 : « Le Monde Campus » aide les lycéens, depuis les révisions jusqu’aux résultats

Le Monde Campus accompagne les élèves de 1re et de terminale candidats au bac S, bac ES, bac L et bac STMG, jusqu’aux résultats de l’examen, le 6 juillet, et les rattrapages. Avec, durant les révisions, des guides méthodologiques, des ressources en lignes, des vidéos de rappels de cours, des annales et des quiz pour se préparer dans les différentes matières. Lors de l’examen, du 18 au 25 juin, seront publiés les sujets des épreuves et leurs corrigés en vidéos.

Après nos « live » de conseils pour réviser et réussir les épreuves dans les différentes matières (lundi 11 juin en philo, histoire-géo, SES, maths, physique-chimie, SVT, et mercredi 13 juin pour le bac français et l’épreuve de sciences, pour les élèves de 1ere) ; pour le premier jour des épreuves (lundi 18 juin : philosophie le matin, français pour les élèves de première l’après-midi) ; et pour les résultats (vendredi 6 juillet).

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