Cristiano Ronaldo a inscrit un triplé pour l’entrée en lice du Portugal, face à l’Espagne, le 15 juin 2018. / CARLOS BARRIA / REUTERS

C’est peut-être triste à dire. Ou bien alors c’est magnifique, hypothèse que nous privilégierons volontiers. Il reste encore 60 matchs à disputer dans cette Coupe du monde, et le public de Sotchi vient sans doute déjà d’assister à l’un des plus beaux d’entre tous.

Pour leur entrée en matière, Portugais et Espagnols auront déjà donné raison à ceux qui voyaient en ce simple match de poule le premier choc de la compétition. Score final : 3-3. Vainqueur : le football.

Et Cristiano Ronaldo aussi, peut-être. Dix minutes après le coup de sifflet, le voilà encore sur le terrain, une caméra embarquée projetant sa satisfaction tranquille sur l’écran géant du stade. Brassard de capitaine en pogne, fierté en étendard, le Portugais a frappé très fort : triplé dès son premier match.

Deux buts pour donner l’avantage aux siens d’abord, dès la 4e minute sur penalty (1-0), puis à la 44e (2-1), avec le concours malheureux du gardien espagnol, David De Gea. Puis un troisième pour la route, sur coup franc, à la 88e : celui de l’égalisation, à deux minutes du terme, conclusion d’un match qui aura transporté le public de bout en bout.

Une influence sans égal

Cristiano Ronaldo connaissait par cœur une partie de ses adversaires, et réciproquement, pour avoir joué avec eux toute la saison au Real Madrid. David de Gea, lui, vient lui de Manchester United. Difficile pour le portier espagnol, pourtant, de jouer les gardiens effarouchés. Affronter le Portugal, depuis quelques années, revient d’abord et surtout à affronter Cristiano Ronaldo.

Un peu de statistiques, malgré le cagnard de Sotchi qui tape sur le cerveau : à lui seul, le multiple Ballon d’or représentait déjà la majorité des buts portugais (15 buts, 3 passes décisives) inscrits lors des éliminatoires, une influence sans égal dans toute la zone Europe.

Certes, le Portugal a gagné l’Euro 2016 en France sur un but d’Eder, non retenu pour l’actuelle campagne de Russie. En cours de match (et en larmes), le Ronaldo du Portugal avait dû quitter prématurément la finale pour cause de blessure, il y a deux ans. Sans doute avec l’envie de disputer une nouvelle finale internationale, mais, cette fois, en entier. Au terme des 64 matchs d’un Mondial, par exemple.

L’histoire du n°7 en Coupe du monde concentre surtout des frustrations, jusque-là. 2006 ? Sous Pauleta, l’aile de l’aigle des Açores, le jeune Cristiano perd en demies contre la France. 2010 ? Elimination dès les huitièmes de finale. 2014 ? Cette fois dès le premier tour. 2018 ? Un peu de patience : on vient seulement, l’aurait-on oublié, de jouer le quatrième match de tout le tournoi.