Chat, loutre, hippopotames : la rude bataille des oracles du Mondial
Chat, loutre, hippopotames : la rude bataille des oracles du Mondial
Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)
C’est un véritable zoo que les Russes s’amusent à observer « prédisant » les résultats de la Coupe du monde.
Achille le chat, à Saint-Pétersbourg, le 15 juin. / ANTON VAGANOV / REUTERS
Les héritiers russes de Paul le poulpe, le locataire d’un zoo allemand devenu célèbre pour ses prédictions qui se sont révélées justes lors de la Coupe du monde de football 2010, bataillent pour se montrer à la hauteur. Selon l’agence de presse russe Interfax, pas moins de onze animaux ont été désignés dans toute la Russie pour relever le défi du Mondial 2018 organisé pour la première fois dans le pays, parmi lesquels un chat, un cerf, un lapin, un louveteau, une loutre, deux hippopotames, pour n’en citer que quelques-uns.
Le plus connu, la vedette serait-on tenté de dire, s’appelle Achille. Et il est sourd. C’est l’un des innombrables chats résidant au célèbre Musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, où, depuis l’impératrice Elisabeth 1re de Russie (1741-1762), ces félidés, recrutés pour chasser les souris dans les sous-sols du palais d’Hiver, y ont non seulement acquis un droit de cité mais sont encore choyés. Beau blanc aux yeux bleus, Achille a de l’expérience. Il s’est entraîné dès la Coupe des confédérations, en juin 2017, un an avant le début du Mondial où il aurait correctement prédit, dit-on, trois résultats sur quatre, en choisissant le bol à croquettes marqué du bon drapeau.
Rude concurrence
Le 30 mai, Achille a donc reçu son maillot de compétiteur, aux couleurs de l’équipe nationale russe, la Sbornaïa, il va sans dire. Pas fou, il se limite à son seul territoire, autrement dit, aux rencontres qui se déroulent à Saint-Pétersbourg, à l’exception du match d’ouverture qui s’est joué à Moscou. Et jusqu’ici, il a fait le job en prédisant correctement la victoire de la Russie contre l’Arabie saoudite (5-0, le 14 juin) puis celle de l’Iran sur le Maroc (1-0, le 15 juin).
La concurrence est rude avec la loutre Gary (appelée aussi par son diminutif, « Garik ») du zoo de Sotchi, qui désigne le vainqueur avec un ballon aux couleurs de chaque pays. Bon point remporté par l’animal aquatique dès l’ouverture. « Hourra, la Russie ! », a-t-on pu entendre sur la vidéo, comme un ouf de soulagement. Il faut dire que Garik a elle aussi acquis du métier, depuis son rodage, il y a cinq ans, lors des Jeux olympiques de l’hiver 2014 qui se sont tenus dans cette station balnéaire des bords de la mer Noire. Non sans audace, la loutre patriotique prévoit d’ores et déjà une nouvelle victoire de la Russie contre l’Egypte, mardi 19 juin. De quoi supplanter Pouchok, un lapin qui a eu l’outrecuidance de se présenter à Sotchi.
Bien que ne résidant pas dans l’une des villes hôtes du Mondial, le raton laveur Nafania du zoo d’Irkoutsk, en Sibérie, s’est mis sur les rangs. Celui-là choisit une soucoupe avec des fruits chacune marquée d’un drapeau. Lui aussi est un habitué qui a commencé ses prédictions avec le championnat du monde de hockey en Russie, en 2015. Il faudrait aussi citer le tapir Cléopâtre de Nijni-Novgorod, les hippopotames Milia et Glassik de Kaliningrad (lesquels ont reçu un carton rouge, n’ayant pas su se départager pour Russie-Arabie saoudite), la baleine Bulle d’Anapa ou encore le lémurien Spartak de Iekaterinbourg.
A noter, cependant qu’aucun de ces oracles à poils ou à écailles n’avait prédit la belle victoire du Mexique sur l’Allemagne (1-0, le 17 juin). A leur décharge, ils n’étaient pas les seuls.