Coupe du monde : « Le Maroc a ses chances face au Portugal », estime Abdeslam Ouaddou
Coupe du monde : « Le Maroc a ses chances face au Portugal », estime Abdeslam Ouaddou
Propos recueillis par Alexis Billebault (contributeur Le Monde Afrique)
Selon l’ancien footballeur marocain, les Lions de l’Atlas ont le potentiel pour rebondir après leur défaite contre l’Iran.
Ancien défenseur des Lions de l’Atlas (59 sélections), Abdeslam Ouaddou veut rester optimiste après la défaite du Maroc face à l’Iran (1-0) lors de son premier de la Coupe du monde 2018, le 15 juin. Il pense que les hommes d’Hervé Renard ont le potentiel pour se qualifier et dominer le Portugal, mercredi 20 juin, lors du deuxième match.
Battu par l’Iran, le Maroc rencontre aujourd’hui le Portugal, champion d’Europe en titre. Un exploit est-il possible ?
Abdeslam Ouaddou Rien n’est impossible. Le Maroc a ses chances et, souvent, le deuxième match ne ressemble pas au premier. Les Lions savent que pour préserver leurs ambitions lors de cette Coupe du monde, il leur faudra faire un résultat. Ils ont le potentiel, même si tout le monde sait que ce sera très compliqué. Si le match face à l’Iran avait été mieux maîtrisé, le Maroc serait dans une position plus confortable.
Avez-vous des regrets concernant le match perdu contre les Iraniens ?
Oui, surtout par rapport au résultat. Le Maroc méritait au moins un match nul. Il est entré dans le match avec beaucoup d’envie, il a eu des occasions, a su produire du jeu. Mais il a trouvé en face de lui un adversaire qui n’a pas montré grand-chose, certes, mais qui a su provoquer et bénéficier d’un coup de pouce des Lions en fin de match [but contre son camp]. Bien sûr, le Maroc aurait pu faire mieux. Il y a parfois eu une certaine nervosité, peut-être à cause de l’émotion : pour tous les membres de cette équipe, il s’agit de leur première Coupe du monde. Et certains disputent en Russie leur première compétition internationale.
Après avoir disputé la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2004 face à la Tunisie (1-2), le Maroc a traversé une période délicate. Craignez-vous qu’une élimination au premier tour replonge le football marocain dans la crise ?
Ce serait une grosse déception, bien sûr, même si dans notre groupe figurent l’Espagne et le Portugal. Mais je redoute en effet les conséquences : Hervé Renard, qui est à mon avis l’un des meilleurs sélectionneurs que le Maroc ait jamais eu, aurait beaucoup de mal à rester en poste face à la pression populaire et médiatique. Je connais bien la mentalité marocaine, que l’on retrouve dans les autres pays d’Afrique du Nord : un échec peut tout remettre en cause et on va casser tout ce qui a été fait.
Alors qu’il faut de la stabilité. Ce n’est qu’en travaillant dans la continuité qu’on peut espérer avoir des résultats. Le Maroc a traversé une longue période sans résultats, où il a vu les sélectionneurs se succéder. Renard est arrivé avec des idées, un projet, et on voit que cela commence à porter ses fruits. J’ai effectivement peur que beaucoup de choses soient remises en cause au cas où les Lions seraient éliminés après le match contre le Portugal.
Parmi les cinq sélections africaines, seul le Sénégal a pour l’instant gagné un match depuis le début de la Coupe du monde. Comment analysez-vous cette cruelle statistique ?
C’est à mon avis une question de mentalité. J’ai l’impression que les Africains se contentent presque d’être qualifiés pour un événement comme la Coupe du monde. On est content d’être là et ensuite on voit. Il faut avoir plus d’ambition ! Quand je regarde les équipes latino-américaines, je suis toujours admiratif devant leur motivation, leur envie.
Pour l’Afrique, ce n’est pas une question de niveau ou de talent. Mentalement, il faut être plus fort, plus rigoureux, plus concentré. La preuve : presque tous les buts encaissés par les sélections africaines depuis le début de la Coupe du monde l’ont été sur des coups de pied arrêtés. A ce niveau, ce n’est pas normal… Cette naïveté dans le jeu est avant tout un problème mental. Car les joueurs africains ont des qualités techniques, physiques et une vraie culture tactique.