Douze ans après avoir rompu avec lui, l’Argentine reçoit 15 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) vendredi, première tranche d’un prêt de 50 milliards de dollars, destiné à stabiliser à long terme la troisième économie d’Amérique latine, qui souffre d’une fragilité chronique. Une officialisation saluée par la Bourse de Buenos Aires (+ 8 % jeudi) et qui a projeté à la hausse les valeurs argentines à la Bourse de New York.

Après une crise du peso argentin, qui s’est considérablement déprécié depuis le début de l’année, le président argentin a sollicité un prêt au FMI « pour éviter une crise », a déclaré le ministre de l’économie. L’Argentine avait besoin de se financer, mais les portes se sont fermées pour lever des fonds sur les marchés internationaux.

L’objectif est de renforcer les réserves en devises du pays, de stabiliser un marché des changes volatil, alors que le peso s’est déprécié de 35 % depuis le 1er janvier. En échange du prêt, le pays sud-américain s’est engagé à tailler dans les dépenses publiques pour rétablir l’équilibre budgétaire à l’horizon 2020.

Le recours au FMI intervient douze ans après le remboursement anticipé de dix milliards de dollars, en 2006, quand l’ex-président Nestor Kirchner avait décidé de rompre avec le Fonds. A cette époque, le prix du soja et des matières premières agricoles qu’exportait l’Argentine flambait sur les marchés internationaux.

Le FMI a mauvaise presse en Argentine

« Quand il est arrivé au pouvoir fin 2015, le président de centre droit Mauricio Macri a engagé des réformes pour diminuer le déficit public, selon un plan progressif. C’est un échec. Le pays s’est endetté de 70 milliards et la possibilité de lever des fonds sur les marchés a disparu », souligne l’économiste Ramiro Castiñeira.

Le FMI a, cependant, mauvaise presse en Argentine. De nombreux Argentins reprochent à l’organisme financier d’être coresponsable de la crise économique de 2001, pour avoir participé à l’élaboration de la politique économique des années 1990, qui a conduit le pays au défaut de paiement, l’Argentine étant incapable de faire face aux échéances de remboursement de sa dette.

L’opposition estime que l’accord aurait dû être soumis à l’approbation du Parlement. Un point de friction risque d’être à l’avenir l’adoption du budget au Congrès, la coalition gouvernementale ne disposant pas de majorité absolue. Les syndicats ont convoqué une grève générale pour lundi. Les Argentins redoutent que les exigences du FMI en termes de rigueur budgétaire affectent les plus démunis.