En Italie, Salvini lance l’idée d’une « Ligue des Ligues » en Europe
En Italie, Salvini lance l’idée d’une « Ligue des Ligues » en Europe
Le Monde.fr avec AFP
Le ministre de l’intérieur et chef de file du mouvement d’extrême droite la Ligue veut réunir les mouvements européens « qui veulent défendre leurs frontières ».
Le ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini, lors de la réunion annuelle du parti d’extrême droite la Ligue, à Pontida, en Italie, le 1er juillet. / MIGUEL MEDINA / AFP
Le ministre italien de l’intérieur et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, a lancé dimanche 1er juillet l’idée « d’une Ligue des Ligues en Europe », réunissant les mouvements « qui veulent défendre leurs frontières », à l’occasion du rassemblement annuel de son parti souverainiste à Pontida, dans le nord de l’Italie.
« Je pense à une Ligue des Ligues en Europe, qui unisse tous les mouvements libres qui veulent défendre leurs frontières et le bien-être de leurs enfants », a lancé Matteo Salvini devant des milliers de sympathisants qui l’acclamaient. Plus tôt, il avait annoncé que les élections européennes de 2019 seraient « un référendum entre l’élite, le monde de la finance et celui du travail réel, entre une Europe sans frontières avec une immigration de masse et une Europe qui protège ses citoyens ».
« C’est une émotion indescriptible. Faites arriver le cri d’amour qui vient de Pontida », a poursuivi M. Salvini sur une grande scène où figuraient les slogans « Le bon sens au gouvernement » et « Les Italiens d’abord », leitmotiv du chef de file du parti eurosceptique.
Selon les médias, quelque 50 000 personnes sont venues de toute l’Italie pour cette grand-messe du mouvement d’extrême droite organisée à Pontida, près de Bergame, car y serait née en 1167 la Ligue lombarde, alliance de villes du Nord contre l’empereur Frédéric Barberousse.
Macron appelé à « se laver la bouche »
Sur des stands représentant les régions de la Péninsule étaient vendus des t-shirts à l’effigie de Matteo Salvini avec le slogan « La belle vie, c’est ultra-fini », en référence aux récents propos du chef de la Ligue qui avait déclaré que « pour les migrants clandestins, la belle vie c’est fini ».
Fort du double portefeuille de vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, dont il est titulaire depuis un mois, Matteo Salvini a réussi à imposer le thème des migrants à l’agenda européen en interdisant début juin l’accès aux ports italiens aux ONG portant secours aux migrants en Méditerranée. Il les accuse d’être complices des passeurs, ce qu’elles contestent avec virulence. « La décision d’ouvrir les ports ou de les fermer, c’est le ministre de l’intérieur qui la prend », a-t-il martelé dimanche.
Cette décision est à l’origine de tensions diplomatiques avec la France, cette dernière ayant accusé l’Italie « d’irresponsabilité » et M. Salvini rétorquant que l’Italie n’avait pas de leçons à recevoir de la part d’un pays qui, selon lui, n’a pas tenu ses engagements en matière d’accueil. Si les relations ont semblé se réchauffer ces derniers jours entre les deux voisins, à la faveur de rencontres entre le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte et le président français Emmanuel Macron, Matteo Salvini n’a pas changé de ton pour autant.
Avec son style sans nuances, il a conseillé vendredi à Emmanuel Macron de « se laver la bouche parce que l’Italie à fait beaucoup plus que les Français qui continuent de repousser des personnes à Vintimille », à la frontière franco-italienne.
Large adhésion des Italiens
Une ligne dure qui semble lui réussir selon les sondages, dont un récent, réalisé mi-juin par Ipsos, a montré qu’une majorité d’Italiens (59 %) approuvaient ses choix en matière d’immigration.
Une large adhésion dont la Ligue, alliée du Rassemblement national de Marine Le Pen en France, tire tout naturellement avantage : arrivée au pouvoir aux législatives du 4 mars avec 17 % des voix (en troisième position), elle était créditée samedi de 31,2 % des intentions de votes pour les élections européennes, faisant du mouvement eurosceptique le premier parti d’Italie.
Le parti dame le pion à son allié de la coalition gouvernementale, le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), arrivé en tête des élections et qui reste stable à environ 30 %. Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, devenu lui aussi vice-premier ministre (et ministre de travail), a été éclipsé par son allié de la Ligue, les thématiques sociales portées par le M5S (comme le revenu de citoyenneté) étant reléguées au second plan.