Nawaz Sharif lors d’un séminaire à Islamabad le 17 avril 2018. / AAMIR QURESHI / AFP

L’ancien premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a été condamné vendredi 6 juillet à une peine de dix ans de prison par un tribunal anticorruption, selon des sources judiciaires, ce qui porte un coup sérieux à son parti avant des élections législatives prévues le 25 juillet.

M. Sharif, absent à l’audience qui s’est déroulée dans un tribunal d’Islamabad, « a été condamné à dix ans de prison et à une amende de huit millions de livres sterling » (9 millions d’euros) dans une affaire concernant l’achat de plusieurs appartements de luxe à Londres, a déclaré son avocat, Mohammad Aurangzeb. Selon le procureur Sardar Muzaffar Abbas, le tribunal a en outre ordonné la saisie des appartements en question par le gouvernement fédéral.

Trois des quatre enfants de M. Sharif étaient également mis en cause dans l’affaire des appartements, dont sa fille et présumée héritière politique Maryam Sharif. Cette dernière a été condamnée vendredi à sept ans de prison. M. Sharif se trouve actuellement à Londres au chevet de son épouse, atteinte d’un cancer, de même que sa fille.

La famille Sharif dénonce une décision « injuste »

En juillet 2017, la Cour suprême pakistanaise avait mis fin prématurément au troisième mandat de Nawaz Sharif à la tête du gouvernement, à la suite des révélations sur de luxueux biens immobiliers détenus par sa famille par l’entremise de holdings offshore. La justice pakistanaise a ensuite interdit à M. Sharif de diriger son parti, le Pakistan Muslim League (N) (PML-N, la « Ligue musulmane du Pakistan Nawaz ») puis de participer à tout scrutin à vie. Son clan nie toute malversation et laisse entendre que Nawaz Sharif est victime d’une conspiration ourdie par la puissante armée pakistanaise.

Le parti PML-N est actuellement dirigé par son frère Shahbaz Sharif et est l’un des principaux partis en lice aux élections législatives prévues le 25 juillet dans le pays. Son principal rival est le PTI, dirigé par l’ancien champion de cricket Imran Khan.

« Nous rejetons cette décision » judiciaire, a immédiatement réagi Shahbaz Sharif depuis son fief de Lahore lors d’un point de presse retransmis à la télévision. « Je vais descendre dans les rues et parler aux gens de cette décision injuste et nous défendrons notre cause devant le tribunal du peuple le 25 juillet », a-t-il poursuivi. « Nous allons mener notre campagne électorale et protester de manière pacifique contre cette décision », a-t-il ajouté.

On ignorait dans l’immédiat si Nawaz Sharif entendait revenir au Pakistan après le verdict, qui le place dans une « position difficile », selon l’analyste politique Rasool Bukhsh Rais. « Si Sharif ne revient pas, son parti est fini », estime-t-il. « S’il revient, il faudra qu’il se batte devant les tribunaux et il va beaucoup souffrir. Mais au moins il sauvera son parti », dit-il.