Film sur Canal+ Cinéma à 23 h 25

A quoi sert un super- héros ? Si l’on en croit les multinationales Marvel ou DC, à pallier les insuffisances de l’humanité, que les scénaristes de comics et de films confondent avec la nation états-unienne. L’insécurité, le réchauffement climatique, les tensions internationales, la réforme de l’éducation… Rien qui soit hors de portée d’un Superman, de trois ou quatre Fantastiques, d’un géant vert et caractériel.

Mais que reste-t-il du reste, de l’humanité, cette immense majorité qui n’est pas titulaire d’un passeport américain ? Avec le film de Gabriele Mainetti, les Italiens disposent de Jeeg Robot, un pauvre type d’une cité sordide de la périphérie romaine à qui sa déliquescence morale confère des super­pouvoirs issus d’une des activités favorites de la Mafia, le traitement frauduleux des déchets.

Un super-héros à la fois fort et corrompu, hors-la-loi et dernier rempart de la cohésion sociale, un rêve italien, donc, mis en scène avec un mélange de sauvagerie satirique et de premier degré. Quand on découvre Enzo Ceccotti (Claudio Santamaria), il court dans les rues du centre de Rome pour échapper aux policiers. En plongeant dans le Tibre, il perce un baril dont s’échappe un liquide noir. Remonté à la surface, Enzo regagne son appartement où il se livre à son occupation favorite : se masturber devant des films pornographiques tout en avalant des quantités de crème dessert. Cette quiétude est troublée lorsque notre lamentable héros s’aperçoit qu’il est doué d’une force surhumaine.

Un finale pendant Lazio-Roma

Celle-ci lui permet d’arracher un distributeur de billets. Mais aussi de sauver sa jolie voisine des griffes d’un gang de narcotrafiquants. Alessia (Ilenia Pastorelli) souffre de troubles psychiques post-traumatiques, qui la conduisent à confondre le monde réel et celui des anime japonais. Elle rebaptise Enzo « Jeeg Robot » et le lance sur la voie de la justice.

Le scénario et la mise en scène jouent avec habileté du va-et-vient entre le film de gangsters à la ­Romanzo criminale, et la fantaisie. La seule constante est l’attachement à l’environnement romain, et le film culmine en un finale presque apocalyptique pendant un derby Lazio-Roma. Il y a une certaine justice poétique à voir les jeux du cirque revenir au bercail.

On l’appelle Jeeg Robot, de Gabriele Mainetti. Avec Ilenia Pastorelli, Luca Marinelli (It., 2015, 118 min).