En reportant à de multiples reprises depuis novembre 2017 l’annonce de sa « stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes » ou en évoquant dans une vidéo le « pognon de dingue » dépensé dans les minima sociaux, Emmanuel Macron a irrité les associations de lutte contre l’exclusion. Lundi 9 juillet, le président de la République a répondu aux critiques et s’est engagé à dévoiler ses mesures en septembre « pour une mise en œuvre en 2019 ».

M. Macron a justifié ce report par la volonté que « cette action engage toutes les forces vives de la société et, au premier chef, celles et ceux qui vivent dans la pauvreté. Je ne veux pas d’une stratégie qui s’imposerait d’en haut dans la torpeur de l’été pour régler un sujet ou cocher une case ».

Il n’a pas détaillé de mesures concrètes mais réaffirmé d’abord son diagnostic de la société française : « Se sont installées en France des inégalités de destin. Selon l’endroit où vous êtes né, la famille dans laquelle vous avez grandi, l’école que vous avez fréquentée, votre sort est le plus souvent scellé. » En découle une philosophie : « Le cœur même d’une politique sociale n’est pas d’aider les gens à vivre mieux la condition dans laquelle ils sont nés et destinés à rester, mais d’en sortir. »

Pas d’augmentation des minima sociaux

M. Macron ne veut « pas de nouvelles aides en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l’activité, le travail, l’effectivité des droits fondamentaux ». En clair, il ne veut pas augmenter les minima sociaux – comme l’avait fait François Hollande en revalorisant le revenu de solidarité active de 10 % entre 2013 et 2017 – ni étendre cette allocation aux jeunes de 18 à 25 ans –, alors que François Hollande avait créé la garantie jeunes, aujourd’hui distribuée à 76 000 personnes.

Seule l’allocation aux adultes handicapés augmentera de 90 euros, en deux temps, d’ici à 2019. « Quelle gloire peut-on tirer de politiques sociales qui ont condamné à la pauvreté un enfant sur cinq dans notre pays ? », s’est interrogé le chef de l’Etat, dont la seule mesure précisée dans son discours est une « une action à l’endroit des enfants en danger ou maltraités, si nombreux dans notre pays ». Une mesure qui interviendrait à l’automne.