Connectée à une antenne Wi-Fi, une femme surfe sur Internet depuis son mobile. En l’absence d’Internet mobile, la connexion sera coupée si elle marche quelques dizaines de mètres. / STRINGER / REUTERS

Depuis quelques mois, une frange restreinte des Cubains peut accéder à Internet depuis son téléphone mobile. Les journalistes de la presse publique ont été parmi les premiers à en bénéficier, et certaines entreprises et ambassades peuvent souscrire des abonnements depuis décembre, selon la compagnie publique détenant le monopole des télécoms, la Empresa de Telecomunicaciones de Cuba.

Cette ouverture s’inscrit dans une vaste campagne pour élargir l’accès au réseau, qui doit donner un coup de pouce à l’économie, selon le nouveau président Miguel Diaz-Canel, et aider les Cubains à « défendre les acquis de la révolution castriste ». « Il faut que nous puissions mettre en ligne les contenus de la révolution », a déclaré le président devant le Parlement, ajoutant que les citoyens seraient ainsi mieux armés pour « contrer l’avalanche des contenus pseudo-culturels, banals et vulgaires ».

Bientôt proposé à la moitié des Cubains

D’ici à la fin de l’année, la compagnie a promis d’étendre l’accès à Internet à tous les abonnés au téléphone mobile, soit 5 millions de Cubains, la moitié de la population. Mais l’Internet mobile ne sera pas nécessairement à portée de bourse pour le Cubain moyen. Le forfait mobile incluant 4 Go de donnés est actuellement facturé 45 dollars mensuels aux ambassades et entreprises, soit 15 dollars de plus que le salaire moyen à Cuba.

Le PIB par habitant de Cuba se situe dans la médiane mondiale, et pourtant c’est l’un des derniers pays du monde à se convertir à l’Internet mobile. Des pays aux revenus beaucoup plus modestes, comme le Mozambique ou le Pakistan, y ont déjà accès. Dans beaucoup de pays en voie de développement, le mobile est d’ailleurs la principale voie d’accès à Internet.

Depuis les années 1990, les Cubains peuvent accéder à Internet via des lignes téléphoniques classiques, mais la connexion est restée extrêmement lente jusqu’en 2013. En parallèle, Cuba propose à ses citoyens un réseau parallèle, donnant accès à des sites approuvés par le gouvernement, à un tarif plus accessible qu’Internet.

Comme le détaille l’ONG Amnesty International, Internet est étroitement surveillé et censuré par le gouvernement cubain. Reporters sans frontières note, de son côté : « Bien que l’amélioration progressive de la couverture internet sur l’île permette aux voix indépendantes et aux blogueurs de se faire entendre, ceux-ci sont régulièrement contraints à l’exil. »