« Le cinéma, c’est fini », annonce après un demi-siècle de carrière l’acteur Jean-Louis Trintignant, monument du cinéma français, dans une interview diffusée jeudi sur le site internet de Nice-Matin.

Le comédien de 87 ans, qui souffre d’un cancer de la prostate, explique avoir refusé de tourner dans un prochain film de Bruno Dumont : « C’était intéressant mais j’ai eu peur de ne pas y arriver physiquement », relate-t-il. « Je ne me déplace plus tout seul, j’ai toujours besoin d’avoir quelqu’un auprès de moi pour me dire : “Attention, tu vas te casser la gueule” », ajoute l’acteur aux 160 rôles au cinéma et au théâtre, dont la dernière apparition dans les salles obscures remonte à Happy End de Michael Haneke en 2017.

« Je ne me bats pas, je laisse faire »

Face au cancer, « je ne me bats pas. Je laisse faire. J’ai trouvé un médecin marseillais qui essaie un nouveau truc. Je ne fais pas de chimio, même si j’y étais prêt », ajoute encore celui qui est hanté depuis 2003 par la mort de sa fille Marie, laquelle a succombé aux coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat.

Interviewé pour la sortie d’un enregistrement de lectures de poésies (Prévert, Vian, Apollinaire…) sur une musique d’Astor Piazzolla interprétée par Daniel Mille, l’acteur installé près d’Uzès (Gard) confie également qu’il n’était « pas fait pour un métier public ».

« J’étais extrêmement timide. Et puis la notoriété, ça ne m’a jamais intéressé. Vous savez, c’est amusant la première fois, mais après plus du tout. Pourquoi on nous donne des récompenses ? Nous sommes déjà bien payés, on ferait mieux de donner des Oscars aux gens qui font des métiers pas marrants. »

Entré dans l’histoire du cinéma avec Un homme et une femme de Claude Lelouch – Palme d’or à Cannes en 1966 –, Jean-Louis Trintignant a remporté un prix d’interprétation à Cannes pour Z de Costa Gravas en 1969, et un César du meilleur acteur pour Amour de Michael Haneke en 2013.