Le chef du Parti Populaire, Mariano Rajoy, aux côtés de Soraya Saenz de Santamaria, lors d’un meeting le 26 juin 2016. / JOSE JORDAN / AFP

Groggy après la chute de Mariano Rajoy, le Parti Populaire espagnol va choisir samedi son nouveau chef, entre Soraya Saenz de Santamaria, ancienne bras droit de Rajoy, et Pablo Casado, jeune loup tendance droite dure. Le congrès extraordinaire du PP, qui a commencé vendredi 20 juillet, connaîtra son dénouement samedi avec le vote de 3 082 grands électeurs, chargés de désigner le nouveau président du parti qui sera son candidat lors des prochaines législatives, prévues au plus tard mi-2020.

Président du parti depuis 2004 et à la tête du gouvernement espagnol depuis 2011, M. Rajoy, qui n’a pas voulu désigner de dauphin, a quitté la vie politique début juin, quelques jours après avoir été brutalement éjecté du pouvoir le 1er juin, coulé par la condamnation de son parti dans un méga procès pour corruption.

Ce scandale avait permis au socialiste Pedro Sanchez de faire adopter une motion de censure et de se hisser à la tête de l’exécutif avec le soutien du parti de gauche radicale Podemos, des indépendantistes catalans et des nationalistes basques.

Deux candidats, deux orientations

Les grands électeurs du PP ont le choix entre deux orientations, symbolisées par les candidats désignés le 5 juillet par les militants, lors de primaires inédites au sein du parti. La continuité avec Soraya Saenz de Santamaria, numéro deux des gouvernements Rajoy durant six ans et demi, ou bien un virage à droite avec Pablo Casado, député de 37 ans qui propose une refondation conservatrice du parti.

Mettant en avant son expérience, Saenz de Santamaria, une haute fonctionnaire de 47 ans, assure être la plus à même de battre Pedro Sanchez dans les urnes et juge inutile une refondation idéologique du parti. « J’ai l’énergie, l’envie et l’expérience. Pedro Sanchez se retrouve aux commandes d’un Boeing 747, et il n’a même pas le brevet de pilotage d’un avion de tourisme », a-t-elle ironisé lors d’un meeting.

Licencié en droit, Casado, 37 ans, a lui placé sa campagne sous le signe de la droite dure, rappelant son admiration pour l’ex-président colombien Alvaro Uribe, sans toutefois remettre en cause le projet européen, à l’inverse d’autres conservateurs européens.

Il s’est élevé contre la dépénalisation de l’euthanasie prônée par le nouveau gouvernement socialiste, a plaidé pour la baisse des impôts sur le revenu et les sociétés, et prône une grande fermeté face aux séparatistes catalans.

Un parti à reconstruire

Le vainqueur de ce duel devra recomposer un parti qui a perdu trois millions d’électeurs entre les législatives de 2011, où Rajoy avait obtenu la majorité absolue, et celles de 2016. Beaucoup d’entre eux se sont tournés vers le petit parti libéral Ciudadanos, grand rival du PP au centre-droit.

Pour José Pablo Ferrandiz, chercheur en chef de l’institut de sondages Metroscopia, Saenz de Santamaria « offrirait un meilleur avenir électoral au PP ». Mais l’un comme l’autre auront « beaucoup de mal à attirer les gens partis vers Ciudadanos », qui a aspiré beaucoup des électeurs écœurés par les multiples scandales de corruption ayant éclaboussé le PP ces dernières années.

« Aucun des deux ne pourra remettre à flot immédiatement le parti », abonde Narciso Michavila, président de l’institut de sondages GAD3 et bon connaisseur du parti. Le PP, première force politique au Parlement, devra en tout cas se mettre rapidement en ordre de bataille : des scrutins municipaux, régionaux et européens l’attendent dès mai 2019.