Affaire Benalla : les députés d’opposition demandent l’audition d’Emmanuel Macron
Affaire Benalla : les députés d’opposition demandent l’audition d’Emmanuel Macron
Le Monde.fr avec AFP
Après les auditions menées par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, députés de droite et de gauche exigent une réaction de la présidence de la République.
Le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, le 23 juillet. / LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"
Tous les regards sont tournés vers l’Peu satisfaits des réponses apportées devant la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, et le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, plusieurs députés ont demandé lundi 23 juillet l’audition du président de la république sur la gestion de l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er Mai.
« La seule personne qu’il faudrait auditionner et qu’on ne peut pas auditionner, bien sûr, c’est le président de la République », a commenté Nicolas Dupont-Aignan, député non inscrit de l’Essonne — le flou subsiste autour du droit constitutionnel d’un président à se présenter devant une commission d’enquête parlementaire, ce qui n’est jamais arrivé dans la Ve République.
« On a passé deux heures et demie d’enfumage, de contournement, de non-réponses à nos questions. C’est indigne du point de vue du rôle que cette commission devait jouer, a dénoncé Alexis Corbière, député LFI de la Seine-Saint-Denis, à la sortie de l’audition de M. Collomb. On doit auditionner le président de la République », a-t-il ajouté.
« Le préfet de police semble mieux connaître M. Benalla que le ministre de l’intérieur », a souligné Boris Vallaud, député PS des Landes — plusieurs parlementaires ont noté la clarté des réponses du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, comparées à celles de M. Collomb, auditionné plus tôt dans la journée.
« On voit bien que les protagonistes se sont concertés et que les fusibles ont été enclenchés, a commenté devant les journalistes Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes. Il y a très clairement deux fusibles : celui désigné par la présidence de la République, hier, en la personne du directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, et ce matin dans cette audition, le préfet de police Michel Delpuech. En gros, le président nous indique qu’il n’y a rien à voir. »
La députée Les Républicains des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a elle aussi renvoyé le besoin d’explications sur le palais de l’Elysée, rappelant la responsabilité renvoyée sur la présidence de la République par les deux auditionnés de la commission d’enquête parlementaire.
➡️Pour @gerardcollomb il appartenait à l'Elysée d'agir.➡️ Le préfet de Paris, parle de "copinage malsain" et renv… https://t.co/jtitUaeRaB
— valerieboyer13 (@Valérie Boyer)
« Macron sait tout. Il doit être auditionné »
Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont eux aussi demandé, à l’issue de l’audition de Gérard Collomb par la commission d’enquête de l’Assemblée sur l’affaire Benalla, que le président de la République soit à son tour convoqué par cette commission.
Bilan #Colomb. Il ment. Il connaissait #Benalla et #Mizerski. Il n'y a pas eu d’enquête IGPN le 3 mai. Il ne savait… https://t.co/Y66frJMSMe
— JLMelenchon (@Jean-Luc Mélenchon)
L’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon a de son côté posté sur Twitter une vidéo où il demande que les commissions d’enquête de l’Assemblée et du Sénat « convoquent le président de la République » :
Il faut désormais que les commissions d’enquête à l’Assemblée et au Sénat convoquent le Président de la République,… https://t.co/M95dYeZAHY
— benoithamon (@Benoît Hamon)
« Parce que c’est bien autour de lui que tout se joue. C’est bien autour de lui, Emmanuel Macron, qui a voulu concentrer tous les pouvoirs, que se joue la vérité sur cette affaire. Y a-t-il oui ou non la volonté d’organiser une police parallèle autour du président de la République ? », a argué M. Hamon.
« Rien n’empêche dans la Constitution de la Ve République à une commission d’enquête parlementaire de convoquer le président de la République. La vérité aujourd’hui commande de le faire », a-t-il plaidé.
Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a renvoyé lundi la mauvaise gestion de l’affaire Benalla à l’Elysée et au préfet de police Michel Delpuech.
Le 2 mai, « je m’étais assuré que tant le cabinet du président de la République que le préfet de police avaient été destinataires de l’information. Je pensais, comme c’est la règle, que les mesures appropriées avaient été prises. C’était à eux de prendre les sanctions et éventuellement d’informer les autorités judiciaires », a souligné Gérard Collomb.
Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a ensuite expliqué avoir pensé que le « sujet Benalla » avait été « traité » par l’Elysée.
Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla
Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er Mai.
- Mercredi 18 juillet, Le Monde publie ses premières révélations et écrit avoir identifié Alexandre Benalla sur une vidéo mise en ligne dès le 1er mai sur YouTube.
- Le public découvre alors le visage de cet homme et de sa « bande », qui ne quitte jamais le sillage d’Emmanuel Macron depuis l’élection présidentielle.
- La préfecture de police de Paris se retrouve embarrassée et fragilisée par l’affaire Benalla.
- En cinq jours, l’affaire est devenue un scandale d’Etat : retrouvez le déroulement des événements dans l’ordre chronologique.
- A l’Assemblée nationale, une commission d’enquête a été mise en place et a auditionné le ministre de l’intérieur, qui s’est dédouané sur l’administration.
- Le point sur les pouvoirs de cette commission, mise en place pour un mois.
- Dommage collatéral, l’examen de la révision constitutionnelle a été formellement suspendu et ne reprendra pas avant la rentrée.
- Après des jours de silence, Emmanuel Macron a finalement commencé à organiser la riposte, près d’une semaine après nos révélations.
- Pour Jean-Pierre Mignard, avocat pénaliste, proche du président Emmanuel Macron : « L’Elysée a sous-estimé la faute d’Alexandre Benalla. »
- Paul Cassia, professeur de droit à Paris-I estime lui que « l’affaire Benalla appelle un vaste changement institutionnel ».