Macron sort de son silence et dit être « le seul responsable » de l’affaire Benalla
Macron sort de son silence et dit être « le seul responsable » de l’affaire Benalla
Par Astrid de Villaines, Manon Rescan
Le président de la République s’est exprimé, mardi soir, lors d’une soirée organisée à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, pour clore la session parlementaire.
Le président de la République Emmanuel Macron, accompagné par Alexandre Benalla, en juin 2017. / Philippe Wojazer / REUTERS
Près d’une semaine après les révélations du Monde, le président de la République sort de son silence. Emmanuel Macron, s’est exprimé pour la première fois, mardi 24 juillet, sur l’affaire Benalla, du nom de ce proche collaborateur de la présidence, filmé en train de frapper des manifestants en marge du défilé du 1er-Mai cette année à Paris.
Devant une partie de la majorité parlementaire et des ministres de La République en marche (LRM), invités à la soirée organisée par le parti à l’occasion de la fin de la session parlementaire à la Maison de l’Amérique latine de Paris, dans le 7e arrondissement de la capitale, Emmanuel Macron a qualifié cette affaire de « déception » et de « trahison », selon des propos rapportés par des députés sur présents :
« Ce qui s’est passé le 1er mai est grave, sérieux. Et ça a été pour moi une déception, une trahison. Personne, personne auprès de moi ou dans mon cabinet n’a jamais été protégé ou soustrait aux règles, aux lois de la république, au droit de tous les citoyens.
S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul. C’est moi qui ai fait confiance à Alexandre Benalla. C’est moi qui ai confirmé la sanction. Ça n’est pas la république des fusibles, la république de la haine. On ne peut pas être chef par beau temps. S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher. Je réponds au peuple français. »
« Personne ne répondait au téléphone »
« Nous avons ce moment convivial, comme nous l’avons eu l’année dernière, afin cette fois de préparer l’an 2 du quinquennat » a déclaré M. Ferrand, à l’initiative de la soirée, devant la presse en arrivant. Pour l’occasion, la quasi-totalité du gouvernement est venue pour afficher son soutien « au travail effectué cette année », selon plusieurs d’entre eux.
Devant les caméras, les ministres tentent d’afficher leur plus beau sourire. Comme Benjamin Griveaux, dans le viseur des députés pour ne s’être exprimé que lundi. « La France est championne du monde, les députés ont bien travaillé, nous avons des raisons de nous réjouir », assure le porte-parole du gouvernement.
Mais malgré les sourires, les députés peinent à cacher leur fatigue et leur rancune envers un exécutif qui a tardé à réagir. « On n’a rien eu pendant quarante-huit heures, personne ne répondait au téléphone à l’Elysée », se plaint un pilier du groupe LRM. « Les ministres auraient pu venir plus tôt. On était seuls », soupire une députée qui se félicite tout de même que le groupe « ait tenu le coup ».
Le discours du président de la République semble les avoir revigorés. « C’était bien qu’il vienne. Nous sommes tous réunis. La crise a montré que la majorité est soudée », s’est félicité Hervé Berville, porte-parole du groupe.
Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla
Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er-Mai.
- Mercredi 18 juillet, Le Monde publie ses premières révélations et écrit avoir identifié Alexandre Benalla sur une vidéo mise en ligne dès le 1er-Mai sur YouTube.
- Le public découvre alors le visage de cet homme et de sa « bande », qui ne quitte jamais le sillage d’Emmanuel Macron depuis l’élection présidentielle.
- La préfecture de police de Paris se retrouve embarrassée et fragilisée par l’affaire Benalla.
- En cinq jours, l’affaire est devenue un scandale d’Etat : retrouvez le déroulement des événements dans l’ordre chronologique.
- A l’Assemblée nationale, une commission d’enquête a été mise en place et a auditionné le ministre de l’intérieur, qui s’est dédouané sur l’administration.
- Le point sur les pouvoirs de cette commission, mise en place pour un mois.
- Dommage collatéral, l’examen de la révision constitutionnelle a été formellement suspendu et ne reprendra pas avant la rentrée.
- Après des jours de silence, Emmanuel Macron a finalement commencé à organiser la riposte, près d’une semaine après nos révélations.
- Pour Jean-Pierre Mignard, avocat pénaliste, proche du président Emmanuel Macron : « L’Elysée a sous-estimé la faute d’Alexandre Benalla. »
- Paul Cassia, professeur de droit à Paris-I estime lui que « l’affaire Benalla appelle un vaste changement institutionnel ».
- Gérard Collomb et Michel Delpuech ont répondu, lundi 23 juillet, aux questions des députés : « Les contradictions du ministre et du préfet sur la remontée des informations »