Un policier accusé d’avoir frappé un prévenu au tribunal de Paris
Un policier accusé d’avoir frappé un prévenu au tribunal de Paris
Un prévenu a déposé plainte pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique. Deux enquêtes, l’une visant le prévenu, l’autre visant le policier, sont ouvertes.
Accusant un policier de l’avoir frappé au visage dans les toilettes du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, un prévenu a déposé plainte lundi 23 juillet pour coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique.
Le prévenu, Mohamed F., est âgé de 18 ans. Il devait être jugé en comparution immédiate pour des faits de vols en réunion. Le jeune homme comparaît à l’audience avec un œil au beurre noir et l’arcade sourcilière blessée. Son avocat, Me Matthieu Juglar, non voyant et commis d’office, ne se rend compte de l’état de son client qu’après avoir été alerté par ses collègues. Un brouhaha se fait alors entendre dans la salle d’audience, et les avocats présents saisissent le représentant du bâtonnier présent au tribunal, Martin Pradel.
« Alors il a mis des gants et m’a frappé »
L’audience du tribunal est suspendue et Matthieu Juglar demande la nullité de la procédure – ce pendant que son client rédige sa plainte. Le journal Mediapart, qui a révélé l’affaire, a rendu publics des extraits de cette dernière. « Alors que j’échangeais avec un codétenu, un fonctionnaire de police m’a intimé de me taire, lit-on. Puis, me rendant aux toilettes, ce fonctionnaire m’a dit : “Ici c’est pas filmé. Pourquoi tu parles mal ?” J’ai dit : “Que me veux-tu ? Tu veux me frapper ?” Alors il a mis des gants et m’a frappé quatre ou cinq coups au visage. J’ai crié. Des policiers nous ont séparés. Un médecin est venu, j’ai refusé de le voir. Puis je suis arrivé dans la salle d’audience. »
Le tribunal a annoncé le report de l’audience au 31 juillet. Le jeune homme sera, jusqu’à cette date, maintenu en détention, conformément à la demande du parquet.
La Conférence constate, ce jour, des actes de violences policières inadmissibles, commises au dépôt dans l’enceinte… https://t.co/M4p5dUghZp
— ConfBarrParis (@Conférence du Barreau de Paris)
Interrogé par LCI, Joris Monin de Flaugergues, l’un des avocats de Mohamed F., est revenu sur les circonstances de l’altercation. « Dans une arrière-salle du tribunal, le temps que son affaire soit appelée, mon client a tenté d’interagir avec un prévenu dans une autre cellule, ce qui est interdit. Un fonctionnaire de police lui a demandé de se taire, ce qu’il a fait. Puis, il a demandé à aller aux toilettes. Alors qu’il était en train d’uriner, ce policier lui a fait savoir qu’il n’y avait pas de caméra dans les WC. Il s’est absenté pour mettre des gants puis lui a donné plusieurs coups au visage. »
Premier secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris, Me Monin de Flaugergues a fait part de son inquiétude quant au nouveau service chargé de veiller aux détenus. « Dans l’ancien palais de justice, les gendarmes étaient éminemment compétents. Depuis que le tribunal a déménagé, le service a basculé : c’est désormais la police qui gère l’ordre et la sécurité des détenus. Ces policiers sont jeunes, ils sortent d’école et sont moins expérimentés. Nous avons des inquiétudes au sujet de leurs compétences », s’alarme-t-il.
Cette affaire survient une semaine après la mise en examen d’un policier stagiaire, filmé en train de rouer de coups un détenu dans l’enceinte du TGI.
La façon dont la sécurité est assurée au Tribunal de Paris pose vraiment problème.Un prévenu vient de se faire cas… https://t.co/X0MJvhVopK
— MartinPradel (@Martin PRADEL)
Le parquet a confirmé au Monde qu’une enquête a été confiée au SAIP 17 (service de l’accueil et de l’investigation de proximité du 17e arrondissement) au nom des chefs de violence volontaire et menace de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique. Une autre enquête a été ouverte hier soir et confiée à l’IGPN, pour le chef de violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique.