Le nombre de prévenus incarcérés dans l’attente d’un jugement est également en augmentation, selon les statistiques du ministère de la justice. / BORIS HORVAT / AFP

C’est un nouveau record. Au 1er juillet, 70 710 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises, selon les chiffres de l’administration pénitentiaire publiés jeudi 26 juillet. Le précédent record, établi au mois de mai, était de 70 633 personnes incarcérées, selon les statistiques visibles sur le site du ministère de la justice et actualisées chaque mois.

Le nombre très symbolique de 70 000 détenus dans les 187 établissements pénitentiaires de France (départements et territoires ultramarins compris) avait, lui, été atteint en avril. L’augmentation de juin à juillet 2018 (+ 0,1 %) est toutefois moins importante que celle constatée à la même période il y a un an (+ 0,6 %).

Au 1er juillet, 82 943 personnes étaient placées sous écrou, dont 70 710 en détention dans un établissement pénitentiaire et 12 233 sous le coup d’une mesure de surveillance électronique ou d’un placement extérieur.

Augmentation du nombre de femmes et de mineurs

Parmi les personnes écrouées, le nombre des prévenus — incarcérés en attente de jugement — a encore augmenté ce mois-ci pour atteindre 21 007 personnes, contre 20 427 en juillet 2017.

Résultat, si la densité carcérale reste stable au niveau national, elle apparaît très inquiétante, voire critique, dans les maisons d’arrêt et les quartiers maisons d’arrêt, où sont placés les prévenus, avec 142,5 %, une des plus mauvaises moyennes d’Europe.

Il ressort de la publication des statistiques que 105 établissements ou quartiers connaissent une situation de suroccupation supérieure à 120 % et 50 établissement, une suroccupation supérieure à 150 %. Le nombre des matelas au sol reste très élevé : 1 667 en juillet.

Parmi les hausses les plus significatives figurent celles du nombre de femmes (3 280) – qui représentent désormais 4 % des écroués – et de mineurs (877, soit 1,1 % des écroués).

A noter, la proportion grandissante des placements sous bracelet électronique, qui représentent 81,1 % des mesures d’aménagement de peine, et concernent 11 615 personnes.

7 000 nouvelles places d’ici à 2022

La réforme de la justice présentée en avril, avec un volet sur le système des peines, proscrit les détentions courtes, tout en garantissant l’application des peines d’emprisonnement de plus d’un an et en multipliant les alternatives en milieu ouvert.

La réforme prévoit l’ouverture de 7 000 places d’ici à 2022, et non plus 15 000, comme l’avait promis Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.

Selon un sondage Harris Interactive réalisé en juin pour le barreau de Paris, les Français dans leur majorité estiment que l’incarcération en France est un modèle défaillant et que la prison ne remplit pas ses objectifs.

Six Français sur dix se disent d’autre part favorables à des alternatives à la prison : travaux d’intérêt général pour les peines légères des délinquants les plus jeunes, développement de prisons ouvertes où les détenus peuvent circuler librement pendant la journée.