« Grève illimitée » jusqu’au retrait de la loi orientation et réussite des étudiants. L’appel a été lancé samedi 5 mai, par la coordination nationale des universités initiée par certains syndicats de personnels et associations de l’enseignement supérieur, qui a réuni les représentants de 38 établissements à Paris, d’après ses organisateurs. De leur côté, des étudiants rassemblés au sein d’une coordination samedi et dimanche à Nanterre (Hauts-de-Seine), appellent à plusieurs mobilisations nationales, notamment le 22 mai, aux côtés des cheminots.

Le mouvement de contestation contre la réforme de l’accès à l’université, et portant sur des revendications plus larges contre la politique du gouvernement, qui a débuté il y a plus d’un mois et demi, se poursuit sous des formes diverses. Le nombre d’établissements bloqués diminue, mais peu se risquent à en conclure la fin de cette mobilisation fluctuante. « Cela ne veut pas dire que le mouvement est terminé, mais il est moins fort, avec un nombre d’universités dans des situations très compliquées qui a diminué, et des examens qui réussissent à se tenir dans la quasi-totalité des universités », affirme François Germinet, de la conférence des présidents d’université (CPU).

Si une quinzaine d’établissements étaient touchés par des blocages il y a quinze jours sur un total de 70 universités, seules quatre facs restent à l’arrêt (Toulouse Jean-Jaurès, Rennes-II, Nanterre, Paris-VIII) tandis que d’autres conservent certains sites bloqués ou occupés en partie (Lyon-II, Nantes, Aix-Marseille, Sorbonne Université…). Depuis le 20 avril, les évacuations de police se sont succédé, à Tolbiac (Paris-I), Montpellier (Paul-Valéry), Metz et Nancy, ou encore sur le site de la Victoire à Bordeaux et de Censier (Sorbonne Nouvelle), à Paris.

Avec des situations qui évoluent chaque jour. Des assemblées générales doivent se tenir lundi, à Rennes-II et Nanterre, tandis que le campus du Mirail à Toulouse peut être évacué à tout moment par la police, l’administrateur provisoire de l’université ayant donné son feu vert à une intervention, s’appuyant sur une décision du tribunal administratif.

De grandes écoles ont également été occupées par des étudiants ces derniers jours. C’est le cas de l’ENS à Paris, pour une journée, et de certains instituts d’études politiques, tandis que l’un des bâtiments de l’EHESS est toujours bloqué.

Examens relocalisés

Les partiels sont désormais au cœur de l’attention. Avec déjà des tensions sur des lieux d’examen, où les épreuves se déroulent sous surveillance policière. A Nancy, les forces de l’ordre sont intervenues jeudi 3 mai pour assurer l’accès à un amphithéâtre que des étudiants tentaient de bloquer. Six étudiants sont poursuivis pour des faits de violences sur policiers, dégradations et refus de donner leurs ADN et code de téléphone portable. A Paris-I, les examens relocalisés à Rungis (Val-de-Marne) ont été émaillés par le refus de certains étudiants de composer, rendant une copie « étudiant en grève ». Par ailleurs, des enseignants opposés à la loi ont décidé de ne pas faire passer certains partiels. Une dizaine d’épreuves ont été annulées.

Pour Jimmy Losfeld, représentant de la FAGE, premier syndicat étudiant, le « ras-le-bol » des étudiants monte « face à cette minorité qui a bloqué les cours et qui maintenant, se focalise sur la perturbation des examens ». « Il est très difficile de savoir comment ce mouvement va évoluer, car il ne ressemble à aucun de ceux que nous avons connus, analyse de son côté Anne Fraïsse, qui était présidente de l’université Paul-Valéry, à Montpellier, au moment des mobilisations contre la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) en 2009. Il semble avoir été maté par l’Etat, mais il n’y a eu aucune négociation ni même de discussion avec les étudiants. Surtout, un mouvement étudiant se termine soit par une assemblée générale qui vote le déblocage, soit parce qu’il y a de moins en moins d’étudiants aux AG, ce qui n’était pas le cas sur des sites comme Montpellier. » Le contexte général est aussi particulier, estime-t-elle. « Tant qu’il y a d’autres mouvements sociaux au niveau national, c’est quelque chose qui n’est pas fini. »