Bénéfice record pour Amazon au deuxième trimestre
Bénéfice record pour Amazon au deuxième trimestre
Par Jérôme Marin (San Francisco, correspondance)
Entre avril et juin, l’entreprise emblématique du commerce en ligne a réalisé le plus important résultat net de son histoire, dépassant pour la première fois 2 milliards de dollars.
Au siège d’Amazon, à Seattle, en janvier 2018. / LINDSEY WASSON / REUTERS
Pendant des années, Amazon s’est surtout distingué par la croissance effrénée de son chiffre d’affaires. Mais l’entreprise emblématique du commerce en ligne est en train d’entrer dans une nouvelle ère, celle des profits. Au deuxième trimestre, elle a réalisé le plus important bénéfice net de son histoire, dépassant pour la première fois 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros). Une performance saluée par les investisseurs de Wall Street : dans les échanges d’après-Bourse, l’action gagnait, jeudi 26 juin, plus de 3 % pour atteindre son plus haut niveau historique.
Cette progression ne sera cependant pas suffisante pour permettre à Amazon de ravir, dès vendredi, la place de première capitalisation boursière mondiale à Apple. Le groupe de Seattle est valorisé à 861 milliards de dollars, contre 946 milliards pour le concepteur de l’iPhone. Mais de nombreux analystes estiment que le passage de témoin devrait rapidement avoir lieu. Depuis le début de l’année, le titre d’Amazon a grimpé de plus de 50 %, contre seulement 13 % pour celui d’Apple.
Entre avril et juin, la société dirigée par Jeff Bezos, devenu la première fortune mondiale, a dégagé 2,5 milliards de dollars de profits. C’est deux fois plus que le consensus des analystes financiers. Et douze fois plus qu’en 2017 ! Sa marge opérationnelle, qui est passée de 0,8 % à 5,6 %, est au plus haut depuis dix ans. Pour le trimestre en cours, Amazon prévoit une progression similaire, déjouant, là aussi, toutes les prévisions. « La trajectoire de rentabilité semble s’accélérer plus rapidement que prévu », souligne Daniel Ives, analyste chez GBH Insights.
Si les profits ont ravi Wall Street, la progression du chiffre d’affaires a en revanche déçu. Sur la période, les recettes de l’entreprise ont certes augmenté de 39 %, à 52,9 milliards de dollars. Mais les marchés espéraient encore mieux. Surtout, Amazon avait pris l’habitude de battre le consensus dans ce domaine. En outre, ses estimations pour le troisième trimestre sont inférieures aux attentes. « Les investisseurs vont devoir digérer » ces résultats atypiques, prédit ainsi M. Ives.
« Efficacité opérationnelle »
Le bond des profits de l’e-commerçant vient en grande partie d’Amazon Web Services, sa filiale spécialisée dans le cloud computing, l’informatique dématérialisé. Leader de ce marché en forte croissance, elle affiche de confortables marges. A elle seule, elle représente 55 % du bénéfice opérationnel de la société. Malgré la concurrence de Microsoft et de Google, la croissance de son chiffre d’affaires reste élevée : + 49 % sur le trimestre, à 6,1 milliards de dollars.
Amazon tire également profit de son ouverture à des vendeurs extérieurs, qui peuvent commercialiser leurs produits sur son site en échange d’une commission. L’entreprise leur propose aussi des services payants, leur permettant notamment de garder leurs stocks dans ses entrepôts ou d’avoir accès au programme Prime (livraison gratuite). Cette « place de marché », qui représente désormais plus de la moitié des achats, permet en effet de dégager des marges plus élevées.
Autre facteur positif : l’activité publicitaire. Son chiffre d’affaires a plus que doublé au deuxième trimestre, à 2,2 milliards de dollars. « La publicité commence à avoir un impact sur nos profits », se félicite Brian Olsavsky, le directeur financier d’Amazon. Le responsable met aussi en avant les investissements réalisés en 2017 dans les entrepôts et les centres de données, qui se sont traduits par « une importante efficacité opérationnelle ». En outre, la société a ralenti le rythme des embauches et limité la hausse de ses dépenses.
Fort de ses profits, Amazon va pouvoir continuer à investir pour étendre son empire. L’e-marchand a vocation à devenir l’« everything store », la boutique qui vend tout. L’an passé, il a racheté la chaîne américaine de supermarchés Whole Foods pour conquérir le marché de l’alimentaire. Et en juin, il a mis la main sur PillPack, un site Internet de vente de médicaments aux Etats-Unis.