LES CHOIX DE LA MATINALE

Au menu de votre été cette semaine : de l’histoire, une artiste tragique, des bateaux et du polar.

Au 209, rue Saint-Maur, la mémoire retrouvée

Derrière une porte cochère bleue, un petit hall ouvre sur une cour fleurie nichée au centre d’un groupe de bâtiments à l’architecture classique, propre au XIXe siècle. Rien ne distingue particulièrement cet immeuble sis au 209, rue Saint-Maur, dans le 10e arrondissement de Paris, d’un autre. Rien n’indique non plus qu’il a été, pendant la seconde guerre mondiale, un refuge pour certains, un piège pour d’autres. Or c’est lui que Ruth ­Zylberman (auteure notamment de Paris-fantôme, 2002) a choisi d’investir pour retracer l’histoire de ses habitants et raviver la mémoire des survivants.

Endossant tour à tour les rôles d’enquêtrice, de mémorialiste d’une communauté dont elle ressuscite les liens, mais aussi de ravaudeuse de souvenirs, de passeuse entre les générations, la réalisatrice livre un film éminemment sensible et poignant, baigné d’une atmosphère tantôt à la Modiano, tantôt à la Perec. Christine Rousseau

« Les Enfants du 209, rue Saint-Maur, Paris 10e », de Ruth Zylberman (France, 2017, 100 min). Sur Arte.fr.

Des vies menées à contre-courant

Extrait documentaire LES OEUVRES VIVES - France 3 Pays de la Loire
Durée : 01:07

A 50 ans, Bertrand Latouche fait le point sur sa vie, ce « beau bordel ». Un bordel fait d’« œuvres vives », de ces « 4 millimètres d’acier qui [le] séparent de l’eau », autrement dit la partie immergée de la coque.

Car Bertrand habite sur un bateau. Et celui-ci a pris l’eau il y a trois ans. Il s’est alors rendu dans un chantier naval, où il revient pour réparer le gouvernail et poser sa caméra. Au bord de l’eau, on découvre une petite communauté de navigateurs nomades. Jean-Luc, Claudine, Jean-Yves et Christian ont décidé, un jour, de rompre avec leur vie de terrien sédentaire pour se réfugier dans une certaine marginalité.

A la lumière de ces personnages aux trajectoires atypiques, à rebours des schémas prétracés qui inondent la société, le réalisateur signe une magnifique excursion poétique dans un endroit qui paraît parfois hors du monde. Une ode à la liberté qui offre aussi une réflexion sur la notion de rupture, professionnelle ou amoureuse, parfois nécessaire pour pouvoir se reconstruire, changer de cap. Camille Langlade

« Les Œuvres vives », de Bertrand Latouche (France, 2017, 50 min). Sur France.tv.

Bluesy Amy Winehouse

AMY Bande Annonce #1 VOST (2015) - Amy Winehouse Documentaire HD
Durée : 02:03

A l’aide de nombreuses images d’archives inédites, Asif Kapadia évoque la vie tragique de la chanteuse Amy Winehouse, morte à l’âge de 27 ans, en 2011. Il en ressort un film total, embrassant aussi bien la question esthétique que biographique, et poursuivant sans relâche la question insoluble de la mort d’une toute jeune femme à ce point douée et couronnée de succès, mais porteuse d’une souffrance dont personne ne connaîtra le fin mot.

A cet égard, on peut se demander si le film a raison de mettre en cause aussi continûment les deux hommes qui furent ses plus proches aimés en même temps que ses mauvais génies : son petit ami Blake Fielder et Mitch Winehouse, son paternel. Refusant la situation peu enviable de l’arbitre, le spectateur sera plus sûrement touché par l’immense sentiment de gâchis et de perte que la mort de cette jeune chanteuse suscite. Jacques Mandelbaum

« Amy », d’Asif Kapadia (Etats-Unis, 2015, 127 min). Rediffusion lundi 30 à 22 h 50 sur CStar.

Des Jours aux couleurs du polar

"Jours de polar", le podcast noir des Jours.fr. / SEBASTIEN CALVET / LES JOURS

Chaque samedi, Les Jours proposent un podcast tiré de quelques-unes de leurs séries d’articles consacrées à des faits divers et autres tribulations policières. Les corbeaux de l’affaire Grégory, le meurtre non résolu de Cécile Bloch, ou l’histoire peu commune d’une prostituée proxénète... Jours de polar nous plonge dans un univers des plus sombres où tous les épisodes sont lus par des comédiennes et des comédiens, conférant au texte une dimension extrêmement réaliste et visuelle.

Les descriptions n’épargnent aucun détail – même ceux, morbides, d’une scène de crime – et transportent littéralement l’auditeur. Cette série a également le mérite de mettre au jour des récits noirs méconnus, plus passionnants les uns que les autres. Camille Langlade

« Jours de polar », de Patricia Tourancheau et Camille Polloni. A écouter sur Lesjours.fr.