Après une tribune visant les médecines alternatives, les homéopathes saisissent l’ordre des médecins
Après une tribune visant les médecines alternatives, les homéopathes saisissent l’ordre des médecins
Le Monde.fr avec AFP
« Nous avons déposé des plaintes pour non-confraternité, non-respect du code de déontologie », a déclaré le président du Syndicat national des médecins homéopathes français.
L’homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale pour guérir. / FRED TANNEAU / AFP
Ils contre-attaquent. L’organisation des médecins homéopathes a annoncé, vendredi 27 juillet, avoir déposé des plaintes disciplinaires devant l’ordre des médecins contre les signataires d’une tribune qui attaquait les « médecines alternatives », dont l’homéopathie. « Nous avons déposé des plaintes pour non-confraternité, non-respect du code de déontologie, étant donné qu’ils ne veulent plus reconnaître notre titre de médecins », a déclaré le président du Syndicat national des médecins homéopathes français, Charles Bentz.
Plusieurs médecins – regroupés notamment sous le hashtag #Soutien124 – visés par ces plaintes, chacune déposée devant le conseil départemental de l’ordre où ils exercent, ont confirmé sur Twitter ces derniers jours avoir reçu une notification de cette action :
#FakeMed #soutien124 @soutien124 Reçu ce matin! #intimidation J'y vais? J'y vais pas? Vos avis ? https://t.co/QbWWuLsWA1
— Fontanieu (@Fontanieu)
Je crois que je vais rentrer aussi sur le champ de bataille ! #Fakemed #SugarWar1 https://t.co/O9HEyStCpR
— nfkb (@nfkb)
Publiée par un collectif de 124 médecins le 19 mars dans Le Figaro, cette tribune au vitriol attaquait les « médecines alternatives » pratiquées « par des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire ».
Selon M. Bentz, la virulence du propos méritait de saisir les instances disciplinaires. « Les propos de nos confrères sont tout à fait clairs, tout comme le code de déontologie est clair. Je ne vois pas où il peut y avoir une conciliation », a-t-il expliqué, ajoutant : « C’est à l’ordre de juger si cette attitude mérite des sanctions, et quelles sanctions. »
« Médecin homéopathe, ça n’existe pas »
Quelques jours après la parution de la tribune, un syndicat non représentatif de médecins, l’Union collégiale, avait déjà déposé des plaintes disciplinaires contre les signataires de ce texte, qu’il jugeait « insultant et anticonfraternel ».
L’homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale pour guérir. Tout médecin peut en prescrire. Quelque 5 000 médecins revendiquent la spécialité d’homéopathe, qui n’est cependant pas reconnue par l’ordre.
« Médecin homéopathe, ça n’existe pas », affirmait lors d’une conférence de presse en juin son vice-président, Jacques Lucas. Mais la mention « homéopathie » reste autorisée sur la plaque d’un médecin. La Sécurité sociale rembourse certaines spécialités homéopathiques, malgré l’absence d’évaluation scientifique de leur intérêt.
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait cependant dit en mai que cette évaluation allait se faire : « Peut-être simplement l’homéopathie pourrait-elle rentrer dans le droit commun, être évaluée ? (…) Si elle est inutile, elle arrêtera » d’être remboursée, avait-elle prévenu.