Le siège social de Twitter à San Francisco, le 29 juillet 2014. La cafétéria du réseau social nourrit gratuitement, midi et soir, près de 2 000 employés, de la ville californienne. / JUSTIN SULLIVAN / AFP

Un bar à salades, divers plats préparés sur place et une terrasse pour profiter des jours de soleil. Au neuvième étage du 1355 Market Street à San Francisco (Californie), la cafétéria de Twitter nourrit gratuitement, midi et soir, près de 2 000 employés. Le réseau social n’est pas un cas isolé : dans la Silicon Valley, les repas gratuits font partie des avantages offerts aux salariés par la grande majorité des sociétés et start-up technologiques.

Cette situation pourrait bientôt évoluer. Car, le 24 juillet, deux conseillers municipaux de San Francisco ont présenté un projet de loi visant à interdire en partie les cafétérias. Objectif : contraindre les salariés à sortir de leurs bureaux et à fréquenter les restaurants voisins. Cette mesure, qui sera soumise au vote en septembre, suscite déjà de très vives réactions. Elle symbolise la volonté de certains élus locaux de durcir le ton après des années de politiques bienveillantes envers le secteur high-tech.

« C’est un moyen d’aider de petites entreprises », justifie Ahsha Safaí, l’un des deux conseillers à l’origine du texte. Mais c’est également un moyen de provoquer un changement culturel, poursuit-il : « Nous ne voulons plus que les employés aillent en vélo ou en voiture jusqu’à leur travail, y passent la journée puis rentrent chez eux. » « Ils vont devoir sortir et manger avec nous tous », renchérit Aaron Peskin. L’élu espère ainsi éviter « l’effet Amazon qui touche les commerces et les restaurants partout dans le pays ».

D’autres municipalités prennent des mesures

Si elle est adoptée, la nouvelle loi ne sera pas rétroactive : les 51 cafétérias d’entreprise existantes pourront donc rester ouvertes. Mais ces entreprises seront concernées si elles déménagent ou si elles ouvrent de nouveaux bureaux dans la ville. Le recours à des services de livraison spécialisés sera, lui, toujours autorisé. Une solution qui « aide les restaurants locaux », souligne Gwyneth Borden, directrice de la Golden Gate Restaurant Association. Elle espère également que les cafétérias seront remplacées par des titres restaurants fournis aux salariés.

Les partisans du projet de loi mettent en avant l’exemple du Mid-Market, où se sont notamment installés Twitter, Uber et Square. Pour les attirer, la précédente municipalité leur a accordé des exonérations de charges, dans l’espoir de revitaliser ce quartier central de San Francisco. De nombreux restaurants les ont suivis. « Malgré un nombre record d’employés aux alentours, ils peinent à attirer des clients », assure Mme Borden. Plusieurs d’entre eux ont récemment fermé leurs portes.

Ces difficultés ne sont pas limitées à San Francisco. Ailleurs dans la Silicon Valley, les restaurateurs rencontrent les mêmes problèmes : leur fréquentation est en berne alors que les loyers et les salaires augmentent. D’autres municipalités prennent donc des mesures. A Mountain View, qui accueille le siège social de Google, les entreprises s’installant dans The Village, une nouvelle zone commerciale, ne peuvent pas fournir des repas gratuits à leurs salariés.