Une Model S Tesla, à Cabazon, en Californie, le 18 mai. | SAM MIRCOVICH / REUTERS

Le rêve automobile d’Elon Musk serait-il en train de tourner court ? Le fondateur californien de Tesla, l’entreprise automobile la plus cool du monde, qui a su faire rimer voiture électrique avec objet de désir est confronté à une série de revers depuis le printemps : difficultés à monter en cadence industrielle, investissements faramineux à financer et, plus préoccupant peut-être, une mise en cause du logiciel de la machine et de son plus bel avatar, l’Autopilot.

Ce système de pilotage automatique est dans le collimateur de Berlin. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, un rapport interne du ministère des transports allemand a abouti à la conclusion que cette fonction représente « un danger considérable pour la circulation », notamment parce que le conducteur n’est pas prévenu quand le pilote automatique ne parvient pas à résoudre une situation.

« Pas liée à l’accident »

Berlin a confirmé, samedi 8 octobre, être en train de vérifier la fameuse fonction. « L’évaluation finale concernant la fonction de pilote automatique de la Model S de Tesla n’est pas encore disponible », a précisé le ministère des transports allemand, soulignant toutefois qu’aucun jugement définitif n’a été prononcé.

La révélation de l’investigation en cours est arrivée quelques jours après qu’une Model S (comptez 100 000 euros pour une version correctement équipée) est entrée en collision avec un autocar dans le nord de l’Allemagne. Le car, avec à son bord 29 personnes, s’est rabattu sur la Tesla, blessant légèrement le conducteur de l’auto.

« L’utilisation du pilotage automatique n’est pas liée à l’accident », a aussitôt déclaré le constructeur californien dans un communiqué. « La police allemande, qui avait incriminé l’Autopilot dans un premier temps, a modifié son communiqué », détaille Charles Delaville, responsable de la communication de Tesla France. Un banal accident, en quelque sorte.

Série de coups durs

Le problème, c’est qu’il n’est pas le premier. En mai, un automobiliste âgé d’une quarantaine d’années avait été tué sur une route de Floride lors d’une collision avec un poids lourd que le système Autopilot de Tesla n’avait pas détecté en raison de la météo et de la luminosité. Ce premier accident mortel connu qui implique un système d’aide à la conduite avait eu un retentissement mondial.

Plus récemment, le 20 septembre, un procès s’est ouvert à Pékin, à la suite de la plainte du père d’un automobiliste chinois tué au volant de sa Model S en janvier. La famille se dit persuadée que le jeune homme avait activé le pilotage automatique de sa voiture et accuse Tesla d’avoir exagéré, auprès de ses acheteurs, les capacités de ce système.

L’affaire rappelle un autre accident chinois, beaucoup moins grave, qui s’est produit en août. L’incident, qui n’avait occasionné que de la tôle froissée, mettait aussi en cause le pilotage automatique. Tesla avait, à cette occasion, modifié la traduction de la description de son système de pilotage automatique, insistant sur le fait qu’il ne s’agissait que d’une assistance à la conduite.

Face à cette série de coups durs, la firme californienne se défend pied à pied.

« Nous avons toujours été clairs avec nos clients sur le fait qu’Autopilot est un système qui nécessite que le conducteur soit vigilant à tout moment », a déclaré un porte-parole, après les révélations du Spiegel.

Victime d’un buzz positif

Chez Tesla, on insiste sur le fait que la Model S – la voiture électrique la plus vendue en 2015 – l’emporte dans tous les tests comparatifs qui mettent en compétition des fonctions de pilotage automatique.

Dans cette affaire, Tesla est aussi victime d’un buzz positif sur les qualités de son logiciel. Des vidéos sur le Web montrent les exploits de la Model S. Il y a ce conducteur endormi dans sa berline qui roule au pas dans un ralentissement sur une autoroute californienne. Ou encore cette histoire de Tesla qui sauve son propriétaire américain victime d’une embolie pulmonaire en l’aidant à conduire jusqu’à l’hôpital.

« La Tesla n’est pas une voiture autonome, insiste M. Delaville. Nous avons appelé notre système pilotage automatique en référence à l’aviation, où le pilote prend la main au décollage et à l’atterrissage. »

Le constructeur californien a tout de même prévu, dans sa dernière mise à jour, une meilleure utilisation de radars en complément de la caméra. Le système sera capable de fonctionner « à travers la pluie, le brouillard, la neige ». Cette nouvelle version du système d’exploitation (la 8.0) prévoit aussi des modifications sur l’usage du système qui se déconnecte si le conducteur s’entête à ne pas reprendre la main quand le logiciel le lui demande.