Manifestations contre la légalisation de l’avortement, le 4 août à Buenos Aires. / ALEJANDRO PAGNI / AFP

A l’appel des églises évangéliques, des milliers d’Argentins ont manifesté samedi 4 août à Buenos Aires sous le mot d’ordre « Sauvons les deux vies » (celle de l’enfant à naître et celle de la mère), contre le projet de légalisation de l’avortement qui doit être examiné par le Sénat mercredi.

« L’avortement est une pratique criminelle et non une politique de santé, comme on essaie de le faire croire », ont déclaré les organisateurs de la manifestation, rejetant l’un des arguments des partisans de la légalisation, selon lequel c’est la clandestinité de cette pratique qui provoque chaque année la mort de dizaines de femmes.

Dans le pays du pape François, où le catholicisme est majoritaire, de nombreuses paroisses se sont jointes au rassemblement. Une messe est prévue mercredi à la cathédrale de Buenos Aires mercredi, au moment où s’ouvrira le débat au Sénat.

« Jésus t’aime », pouvait-on lire dans le défilé à Buenos Aires. / AGUSTIN MARCARIAN / REUTERS

Le projet de loi autorise l’IVG jusqu’à quatorze semaines de grossesse et prévoit sa gratuité dans tous les centres de santé du pays. Le Sénat, plus conservateur que la Chambre des députés qui a déjà voté le projet de loi, semble s’orienter vers un rejet du texte.

500 000 avortements clandestins

Dans cette dernière ligne droite avant le vote de mercredi, l’enjeu est de « gagner la rue », après le rôle déterminant joué par les manifestations aux foulards verts, emblèmes de la lutte pour la légalisation de l’avortement, dans le vote des députés en faveur de la légalisation (129 à 125) le 14 juin dernier.

Le débat divise la société ainsi que les partis politiques argentins, depuis qu’il a été initié par le président Mauricio Macri, qui s’est déclaré contre l’avortement. Mais certains membres du gouvernement ont assuré qu’il ne mettrait pas son veto si la loi était approuvée.

En Argentine, aux termes de la législation actuelle, l’avortement est légal seulement en cas de viol, ou lorsque la vie de la mère est en danger, mais selon les ONG près de 500 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année.

En Amérique latine, le droit à l’avortement n’existe qu’en Uruguay, à Cuba et à Mexico, capitale du Mexique.