Rare manifestation de la communauté druze contre une loi controversée définissant Israël
Rare manifestation de la communauté druze contre une loi controversée définissant Israël
Environ 50 000 personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour protester contre une loi adoptée par la Knesset qui définit Israël comme l’« Etat-nation du peuple juif ».
Des membres de la communauté druze israélienne rassemblés place Rabin à Tel Aviv, le 4 août. / JACK GUEZ / AFP
Une foule immense de Druzes israéliens et leurs sympathisants a manifesté samedi à Tel-Aviv contre une nouvelle loi controversée qui, disent-ils, fait d’eux des citoyens de seconde classe. Selon les médias israéliens, quelque 50 000 personnes ont pris part à la manifestation.
Cette loi, qui définit Israël comme l’« Etat-nation du peuple juif » et est accusée de porter atteinte aux droits des minorités, a été votée le 19 juillet avec le soutien du premier ministre Benjamin Netanyahu. La minorité druze (130 000 personnes vivant principalement dans le nord d’Israël) a protesté contre cette loi et demandé à la Cour suprême de statuer sur ce texte législatif.
Les Druzes sont pourtant relativement bien intégrés dans la société israélienne. Arabophones et professant une foi issue d’un islam très hétérodoxe, ils effectuent leur service militaire obligatoire et servent dans l’armée israélienne, contrairement aux Arabes israéliens.
Des drapeaux druzes et israéliens, lors de la manifestation place Rabin à Tel Aviv, le 4 août. / CORINNA KERN / REUTERS
Arborant des drapeaux druzes et israéliens, les protestataires ont défilé dans le centre de Tel-Aviv an scandant « égalité ». « Malgré notre loyauté illimitée à l’Etat, celui-ci ne nous considère pas comme des citoyens égaux », a affirmé le chef spirituel de la communauté druze, cheikh Mouafak Tarif dans un discours.
Un texte « raciste » selon les députés arabes
La loi déclare que l’établissement de « localités juives relève de l’intérêt national », confère aux juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël et proclame que l’hébreu est la seule langue officielle d’Israël alors que l’arabe n’aura qu’un statut « spécial » qui n’a pas été défini.
Le Parlement israélien a été convoqué le 8 août pour une séance extraordinaire sur cette loi, à la demande de 52 députés d’opposition (sur un total de 120), selon lesquels les débats seront centrés sur « les atteintes aux valeurs d’égalité et de démocratie ». Cette loi fait partie des lois fondamentales qui font office de Constitution en Israël.
Avi Dichter, rapporteur de la loi et député du Likoud, le parti de droite de M. Netanyahu, a exclu tout changement de ce texte dénoncé comme « raciste » par les députés arabes d’opposition.
Les Arabes israéliens, qui représentent 17,5 % de la population, sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël en 1948. Ils se disent victimes de discriminations.