Au Soudan du Sud, Salva Kiir et Riek Machar acceptent de partager le pouvoir
Au Soudan du Sud, Salva Kiir et Riek Machar acceptent de partager le pouvoir
Après plus de quatre ans de guerre civile, le chef de l’Etat et son ancien vice-président ont signé un accord prévoyant la formation d’un gouvernement de transition.
Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud ont signé, dimanche 5 août à Khartoum, un accord final sur le partage du pouvoir. Le pays est plongé dans une guerre civile depuis fin 2013, quand le président Salva Kiir a accusé son vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d’Etat. Le conflit dans ce pays, indépendant du Soudan voisin depuis 2011, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Les deux hommes étaient dimanche à Khartoum, la capitale soudanaise, où ils ont signé un accord qui prévoit un retour de M. Machar pour occuper le poste de vice-président dans un gouvernement d’unité nationale. A l’issue de pourparlers parrainés par Khartoum, MM. Kiir et Machar avaient déjà convenu, le 7 juillet, d’instaurer un cessez-le-feu permanent et de retirer leurs troupes des zones urbaines. Les deux camps avaient ensuite signé, le 25 juillet, un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir, finalisé dimanche.
Cinq vice-présidents
« L’accord signé [hier] doit tracer la voie pour mettre fin à la guerre dans notre pays », a déclaré M. Kiir dans un discours en anglais après la signature. Les négociations vont en effet se poursuivre jusqu’à la signature d’un accord de paix définitif. « Nous devons œuvrer à l’unité de notre peuple », a martelé le président sud-soudanais.
De son côté, M. Machar a appelé l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’organisation régionale qui œuvre depuis de longs mois à réactiver le processus de paix au Soudan du Sud, à s’assurer de l’application de l’accord de partage du pouvoir. Un accord similaire, signé en 2015, avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle M. Machar était parti en exil.
Dimanche, la cérémonie de signature s’est déroulée en présence du président soudanais, Omar Al-Bachir, et de ses homologues du Kenya, d’Ouganda et de Djibouti. Les négociations à venir pour un accord de paix vont se poursuivre à Khartoum, a indiqué le chef de la diplomatie soudanaise, Al-Dierdiry Ahmed. Une fois qu’un accord de paix final sera signé, les belligérants auront trois mois pour former un gouvernement de transition, qui sera au pouvoir dans le pays pour une durée de trois ans.
Selon les termes de l’accord, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres : 20 du groupe de M. Kiir et 9 de celui de M. Machar, le reste représentant les autres groupes. Le Parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de M. Kiir et 128 de celui de M. Machar. Outre M. Machar, il y aura quatre autres vice-présidents.
Près de 4 millions de déplacés
« Regardez la taille du gouvernement, regardez la taille du Parlement, comment pouvez-vous les payer ? Où les installer ? », a lancé dimanche M. Kiir. Vendredi, le président avait assuré que les efforts de paix n’allaient « pas s’effondrer », mais il avait déjà souligné les défis posés par la composition d’un tel gouvernement de transition : « Ils ont besoin de sécurité, de véhicules, de maisons […] Cinq vice-présidents, c’est une très grande responsabilité à gérer. Je dois leur fournir le transport, et chacun aura besoin d’un cortège de cinq véhicules peut-être. Où vais-je trouver cela ? »
Son homologue soudanais a assuré que les médiateurs feraient tout pour assurer l’application de l’accord. M. Al-Bachir a indiqué que son objectif pour le Soudan du Sud était de relancer la production pétrolière dans l’Etat d’Unité, l’un des plus riches en pétrole, d’ici le premier septembre.
Dimanche, le chargé d’affaires américain au Soudan, Steven Koutsis, a salué la signature de l’accord. « Nous soutenons toute initiative pour apporter la paix au Soudan du Sud et nous espérons que ce processus va se poursuivre », a-t-il indiqué à des journalistes. Par le passé, les Etats-Unis s’étaient toutefois montrés sceptiques face aux chances de succès. « Un accord étroit entre les élites ne va pas résoudre les problèmes qui affectent le Soudan du Sud. De fait, un tel accord pourrait planter les graines d’un nouveau cycle au conflit », avait mis en garde Washington en juillet, doutant de la capacité des deux figures politiques à trouver une issue à la guerre.
Le conflit au Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de morts, près de 4 millions de déplacés (sur une population de 12 millions d’habitants) et provoqué une crise humanitaire catastrophique.