D’une génération à l’autre, le poids des aides financières pèse lourd
D’une génération à l’autre, le poids des aides financières pèse lourd
Par Jérôme Porier
Principaux bénéficiaires de ces aides, les jeunes ménages reçoivent en moyenne 395 euros par mois, ce qui représente 26 % de leur revenu.
A partir de 45 ans, les ménages commencent à donner davantage, et le montant des aides atteint son pic entre 50 et 54 ans. / Paul Bradbury/Caiaimages / Photononstop
La moitié des ménages a apporté une aide financière à un autre ménage au cours des deux mois précédant la vaste enquête « Budget de famille » réalisée par l’Insee en 2011, qui a été minutieusement décortiquée par le Cercle de l’épargne, think tank dédié à l’épargne, la retraite et la prévoyance.
L’aide moyenne apportée représente environ 4 % des revenus des ménages, soit 36 milliards d’euros. « L’aide financière entre ménages est soit directe, sous la forme d’un transfert monétaire, soit indirecte, sous la forme d’une prise en charge de certaines dépenses », précise Philippe Crevel, fondateur du Cercle de l’épargne.
A eux seuls, les transferts monétaires représentent 19,1 milliards d’euros, dont 60 % sont versés de manière occasionnelle. Près d’un ménage sur cinq a effectué ainsi un versement occasionnel d’argent, pour un montant moyen de 370 euros. Le versement régulier d’argent est moins fréquent puisqu’il est pratiqué par seulement 8 % des ménages.
Les aides non monétaires peuvent être la fourniture de biens alimentaires (22 % des cas), de vêtements (14 % des cas), de chaussures (14 %), etc. Elles peuvent également consister en un prêt gratuit d’un logement ou d’une partie d’un logement (14 %).
Les plus généreux : les cinquantenaires
Les jeunes générations (celles de moins de 40 ans) reçoivent les trois-quarts de ces aides monétaires entre ascendants et descendants en ligne directe. Elles proviennent d’abord de leurs parents âgés de 40 à 59 ans, puis de leurs parents ou grands-parents âgés de 60 ans ou plus. « Les générations « pivot », aux âges intermédiaires, c’est-à-dire entre 40 et 59 ans, donnent à leurs enfants deux fois plus qu’elles ne reçoivent de leurs propres parents », ajoute M. Crevel.
Avant 45 ans, le montant total des aides qu’ils versent avoisine 130 euros en moyenne en deux mois. A cette période de la vie où les contraintes financières sont plus importantes (arrivée des enfants, achat immobilier, etc.), les dépenses sont essentiellement destinées aux membres du ménage.
A partir de 45 ans, la situation change : les ménages commencent à donner davantage, et le montant des aides atteint son pic à 50-54 ans : 340 euros en moyenne en deux mois, soit 5 % du revenu moyen des donateurs de cette tranche d’âge. C’est l’année de leur départ du foyer parental que le soutien financier aux enfants est le plus élevé. Il s’élève à 1 070 euros en deux mois (contre 280 euros pour les ménages de 50-54 ans dont aucun enfant n’a déménagé en cours d’année).
Principaux bénéficiaires : les moins de 25 ans
Près de 80 % des moins de 25 ans perçoivent des aides. Sans aide, les jeunes auraient un niveau de vie égal à seulement 52 % de la moyenne de la population. Or, l’écart constaté n’est que d’un tiers. Les jeunes ménages reçoivent en moyenne 790 euros sur deux mois (soit 395 euros par mois), ce qui représente 26 % de leur revenu. Les parents sont amenés à financer le logement, certaines dépenses en biens et services de loisirs, de vêtements et en repas.
« L’entraide familiale joue donc un rôle crucial au moment de l’installation des jeunes ménages, mais elle intervient aussi dans les situations de monoparentalité, par exemple après une rupture conjugale ou un décès du conjoint », ajoute M. Crevel. Ainsi, les familles monoparentales sont plus souvent aidées que les autres types de ménages.
En 2011, 43 % de ces familles perçoivent une aide financière. Les familles monoparentales bénéficient également plus souvent de versements rendus obligatoires sur décision judiciaire (principalement des pensions alimentaires). Selon l’enquête de l’Insee, près d’une famille monoparentale sur six en bénéficie, pour un montant annuel moyen de 4 000 euros en 2011, soit 14 % de leurs ressources. Malgré ces transferts, le niveau de vie des familles monoparentales reste plus faible que celui des autres ménages.