Une « marée rouge » décime la population aquatique de la côte ouest de la Floride
Une « marée rouge » décime la population aquatique de la côte ouest de la Floride
Plus de 100 tonnes d’animaux ont été ramassées sur les plages de l’Etat américain. Un phénomène dû au « karenia brevis », un organisme microscopique.
Sur la plage de Bradenton, sur la côte intérieure de Floride, le 6 août. / Chris O'Meara / AP
Les autorités ont décrété, lundi 13 août, l’état d’urgence en Floride, où une « marée rouge » dévastatrice noircit l’eau de mer et tue dauphins, tortues marines et poissons à un rythme effréné. Rien que ce mois-ci, plus de 100 tonnes d’animaux marins ont été ramassées sur des plages désertes et dégageant une odeur nauséabonde aux alentours de la ville de Sarasota, sur la côte ouest de la Floride, normalement très prisée par les touristes.
La marée rouge, red tide en anglais, est un phénomène naturel provoqué par Karenia brevis, un organisme unicellulaire microscopique surtout présent dans le golfe du Mexique. Il relâche une neurotoxine puissante pouvant se propager dans l’air, causant migraines, toux et crises d’asthme chez l’homme.
Karenia brevis se retrouve tout au long de l’année en faible quantité. Mais si ces organismes se multiplient, le péril est grand pour les animaux. Les tortues marines et les lamantins risquent de respirer leurs neurotoxines ou de mourir en ayant mangé des poissons ou des algues infectés.
L’agriculture industrielle et un mauvais traitement des déchets peuvent favoriser la prolifération des algues toxiques, bleues ou vertes, un autre problème qui touche les eaux de Floride. Et il en serait de même pour la marée rouge, selon des experts.
« Mentalement épuisant »
Le phénomène qui touche actuellement la Floride a commencé en octobre 2017, mais il s’est largement accentué ces dernières semaines, se propageant sur la côte ouest de l’Etat, de Tampa à Naples, sur une distance de 320 kilomètres.
Depuis le 7 août, douze dauphins se sont échoués sur le rivage du comté, tous morts, un bilan équivalent à celui d’une année entière normalement.
« C’est physiquement et mentalement épuisant », lâche Gretchen Lovewell, du Mote Marine Laboratory, en charge d’une équipe recueillant les tortues et les mammifères marins en détresse ou morts.
Conséquences sur le tourisme
L’odeur du poisson en décomposition a fait mal à l’économie locale, privée des millions de dollars de revenu provenant de la pêche et du tourisme en haute saison. « Notre vie, c’est le tourisme ici dans le sud-ouest de la Floride », se lamente Omar Botana, propriétaire d’un commerce de location de bateaux à Bonita Springs, au nord de Naples.
Les riverains touchés espèrent que des mesures vont être prises, comme la construction de lacs de retenue, afin de traiter l’eau, ou une utilisation réduite d’engrais favorisant la prolifération d’algues nuisibles. Après la dernière marée rouge d’envergure, en 2005-2006, les dauphins avaient continué à en souffrir, note Randall Wells.
Seuls deux dauphins auraient été tués à l’époque à cause des toxines. Mais de très nombreux poissons étaient morts, poussant les cétacés affamés à se rabattre sur les filets de pêche, qui représentent pour eux un risque conséquent.