Le cardinal Philippe Barbarin est poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles. Les victimes étaient principalement des scouts de son diocèse de Lyon. / ERIC CABANIS / AFP

Les suites de l’appel du pape à se mobiliser contre la pédophilie au sein du clergé catholique, lundi 20 août, ne se sont pas faites attendre. Au lendemain de la condamnation par le souverain pontife des « atrocités » commises au cours des dernières décennies par au moins 300 prêtres pédophiles en Pennsylvanie (Etats-Unis), un prêtre de Valence a lancé en ligne une pétition réclamant la démission du cardinal Philippe Barbarin, poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles.

« Suite à la lettre du pape François au peuple de Dieu (…), je vous demande publiquement et sans détour de donner votre démission de cardinal et d’archevêque de Lyon dans les plus brefs délais », écrit le père Pierre Vignon dans le texte de cette pétition, invitant ses « confrères » à la signer « ainsi que tous les membres de l’Eglise conscients de l’importance du mal fait aux victimes d’abus ».

« Vous auriez dû la remettre après votre lapsus Grâce à Dieu, les faits sont prescrits », poursuit-il.

« Vous seriez enfin à la hauteur de l’événement »

Le cardinal Barbarin est poursuivi par d’anciens scouts lyonnais pour ne pas avoir dénoncé à la justice de vieilles agressions pédophiles dans son diocèse, en particulier celles commises par le père Preynat.

« Je n’insisterai pas sur vos trois reculades pour la connaissance des faits criminels commis par Bernard Preynat ni sur votre attentisme à prendre des décisions. Je n’insisterai pas davantage sur le fait que Bernard Preynat est toujours prêtre et qu’il n’a reçu aucune condamnation sous quelque forme que ce soit », ajoute le père Vignon.

« Donner votre démission de cardinal et d’archevêque serait bien sûr une mort sociale, mais quelle assomption personnelle en retour ? Vous seriez enfin à la hauteur de l’événement. »

Son appel est relayé à titre personnel par les présidents de deux associations d’aides aux victimes de prêtres, la Parole libérée et l’Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles (Avref).

L’appel du père Pierre Vignon sera-t-il entendu ? Malgré la prise de parole du pape lundi 20 août, rien n’est moins sûr. Le souverain pontif avait en effet donné un entretien au quotidien La Croix en mai 2016, où il estimait que la démission du cardinal serait « un contresens, une imprudence ». « On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable », avait-il jugé dans ce premier entretien accordé à un quotidien français depuis son élection en 2013.

« D’après les éléments dont je dispose, je crois qu’à Lyon, le cardinal Barbarin a pris les mesures qui s’imposaient, qu’il a bien pris les choses en main. C’est un courageux, un créatif, un missionnaire. Nous devons maintenant attendre la suite de la procédure devant la justice civile. »

Un nouveau procès à la rentrée

A la demande des victimes, le cardinal Barbarin doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon en citation directe mais son procès, déjà reporté une fois, risque un nouveau renvoi pour des raisons de procédure.

L’archevêque de Lyon devait initialement être jugé du 4 au 6 avril, avec six autres personnes mises en cause par les plaignants, dont le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, l’Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer. Mais l’audience de consignation a été reportée faute de transmission, dans les délais impartis, de la citation à comparaître de Mgr Ladaria Ferrer.

De nouvelles dates devraient être fixées, le 3 septembre, pour l’audience de consignation et surtout le procès.

En mars 2016, une pétition en ligne à l’initiative d’un jeune étudiant en sciences politiques qui demandait « la démission immédiate » du cardinal Barbarin avait recueilli plus de 70 000 signatures.