La lanceuse d’alerte Reality Winner condamnée à cinq ans de prison pour « espionnage »
La lanceuse d’alerte Reality Winner condamnée à cinq ans de prison pour « espionnage »
Sous-traitante de la NSA, elle a reconnu avoir transmis des documents montrant des tentatives de piratage russes à la presse.
La lanceuse d’alerte Reality Winner, qui avait transmis à la presse des documents confidentiels détaillant l’avancée de l’enquête américaine sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016, a été condamnée jeudi 23 août à cinq ans de prison par un tribunal d’Atlanta.
Mme Winner, 26 ans, avait plaidé coupable en juin. Ancienne traductrice pour l’armée de l’air américaine, elle avait été recrutée comme sous-traitante par un bureau local de la National Security Agency (NSA). Elle avait alors découvert, et imprimé, un rapport classé sur l’enquête russe, qu’elle avait transmis à un site d’information non identifié durant l’enquête — l’arrestation de Mme Winner s’est cependant déroulée le jour même de la publication par le site The Intercept d’un document confidentiel similaire à celui qu’elle avait copié. Le document détaillait la manière dont des hackeurs liés à la Russie avaient tenté de pirater un fournisseur de machines à voter.
Peine record
Cette condamnation est la plus longue peine de prison jamais imposée à une personne ayant fait fuiter des informations à la presse. « Je m’excuse profondément pour mes actes », a dit Mme Winner avant l’énoncé de la décision. « Mes actes étaient une trahison de la confiance que mon pays avait placée en moi. » La défense de Mme Winner avait conclu un accord de plaider-coupable, que le procureur a accepté en partie pour éviter de devoir évoquer, en audience publique, le contenu de documents confidentiels auxquels elle avait eu accès, rapporte le New York Times.
Mme Winner encourait jusqu’à dix ans de prison — elle était jugée aux termes de l’Espionnage Act, un texte de loi très contesté datant de la première guerre mondiale, qui prévoit des peines extrêmement sévères pour toute fuite de document pouvant mettre en danger la « sécurité nationale ». Très critiqué par les organisations de défense de la liberté d’expression et de la presse, ce texte a été utilisé ces dernières années pour poursuivre Chelsea Manning, qui avait transmis des milliers de documents de l’armée américaine à WikiLeaks, et Edward Snowden, qui avait révélé l’existence du système de surveillance de la NSA en transmettant des documents confidentiels au Guardian.