Australie : un septième premier ministre en onze ans
Australie : un septième premier ministre en onze ans
Le ministre des finances Scott Morrison a été désigné successeur de Malcolm Turnbull, à la suite d’une fronde au sein du Parti libéral au pouvoir.
Le premier ministre sortant, Malcolm Turnbull, a annoncé vouloir se retirer de la politique. / Andrew Taylor / AP
Pour la septième fois en onze ans, l’Australie a changé de premier ministre, vendredi 24 août, Malcolm Turnbull ayant été renversé par des frondeurs de l’aile droite de son camp, le Parti libéral (centre droit). C’est Scott Morrison, un chrétien évangélique fervent âgé de 50 ans, à la tête du Trésor australien depuis septembre 2015, qui a été choisi lors d’un vote interne pour lui succéder. Un cinglant revers pour l’ex-ministre de l’intérieur Peter Dutton, qui avait mené en coulisses la rébellion contre le premier ministre.
M. Morrison, classé plus à droite que son prédécesseur modéré, est surtout connu pour son action à la tête du ministère de l’immigration, en 2013-2014, quand il avait lancé l’opération « Frontières souveraines » pour décourager les réfugiés d’arriver par la mer en Australie.
L’Australie mène une politique extrêmement dure contre les migrants, sa marine interceptant systématiquement les bateaux de clandestins, les renvoyant vers leur point de transit, le plus souvent l’Indonésie. Les réfugiés qui parviennent à gagner les rives australiennes sont, eux, placés indéfiniment dans des camps de rétention offshore en Papouasie - Nouvelle-Guinée ou à Nauru, qui sont régulièrement condamnés par les organisations de défense des droits de l’homme.
Excuses d’un ministre
Malcolm Turnbull a annoncé, après avoir été renversé, vouloir se retirer de la politique, ce qui implique l’organisation d’une élection partielle dans sa circonscription de Sydney. Un événement loin d’être anodin pour une coalition au pouvoir, dont la majorité ne tient qu’à un siège.
Depuis l’arrivée du travailliste Kevin Rudd en 2007 à la tête du gouvernement, après une décennie de règne du libéral John Howard, l’Australie a connu une valse des premiers ministres. Kevin Rudd a été renversé par la travailliste Julia Gillard en 2010, avant de reprendre le pouvoir en 2013, et de le céder à nouveau quelques mois plus tard lors des législatives à Tony Abbott, lui-même renversé par M. Turnbull.
Une instabilité qui suscite le ras-le-bol d’une partie de la population, au point qu’un ministre a jugé, vendredi, nécessaire de présenter ses excuses. « Australie, nous te devons des excuses », a déclaré sur Twitter Darren Chester, dont le Parti national est membre de la coalition au pouvoir. « Tu mérites mieux que beaucoup des choses qui ont été faites ces dix dernières années par notre Parlement fédéral. »