Lycées français de l’étranger : les ambitions fixées par Macron « pas réalistes »
Lycées français de l’étranger : les ambitions fixées par Macron « pas réalistes »
L’objectif fixé par Emmanuel Macron d’un doublement des effectifs dans les lycées français de l’étranger n’est « pas réaliste », faute de subventions suffisantes, selon la commission des finances du Sénat.
La commission des finances du Sénat écrit, dans un rapport publié mercredi 29 août, que l’objectif du président Emmanuel Macron de doubler le nombre d’élèves dans les lycées français de l’étranger d’ici à 2030 n’est « pas réaliste ».
Dans son discours sur la Francophonie du 20 mars, M. Macron avait fait des quelque cinq cents lycées français à l’étranger un des outils principaux du développement de la langue de Molière, fixant pour « objectif de doubler le nombre d’élèves accueillis d’ici à 2025-2030 ».
Pourtant, en juillet 2017, les mesures d’austérité décrétées par M. Macron amputaient de plus de 8 % les subventions à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), opérateur public qui coordonne ce réseau unique au monde, avec trois cent cinquante mille élèves, dont deux tiers d’étrangers, dans cent trente-sept pays. Cette coupe claire, qui a suscité une vague de grèves, se traduira par la suppression d’au moins trois cent quarante postes d’enseignant dans les deux prochaines années.
Bond des frais de scolarité
« Depuis 2012, les crédits publics consacrés à l’AEFE ont baissé de près de 14 % », rappelle la commission des finances du Sénat dans son rapport intitulé « Le réseau de l’enseignement français à l’étranger a-t-il les moyens de ses ambitions ? ».
Une question à laquelle le sénateur socialiste Rémi Féraud, corapporteur, répond par un franc : « Aujourd’hui, non. »
Selon l’étude, les charges ont augmenté de 19,5 % entre 2012 et 2017, en raison d’une hausse du nombre d’élèves (de 11,4 % depuis 2012) et des dépenses de personnel (de 15,5 %).
Les subventions s’amenuisant, ce sont les familles qui en ont subi les conséquences : elles supportent aujourd’hui 60 % des coûts, les frais de scolarité ayant bondi de près d’un quart en cinq ans, a calculé la commission.
« Nous recommandons que cela n’augmente plus, car, sinon, c’est toute la légitimité du modèle qui est menacée », dit Rémi Féraud.
En conséquence, les rapporteurs demandent que les crédits publics soient « sanctuarisés et que cesse le désengagement financier de l’Etat ». Le gouvernement a déjà récemment promis à l’AEFE qu’elle retrouverait cette année et en 2019 son budget d’avant les coupes.