Allemagne : un demandeur d’asile condamné pour le meurtre de son ex-petite amie
Allemagne : un demandeur d’asile condamné pour le meurtre de son ex-petite amie
Le meurtre de cette adolescente avait choqué en Allemagne. L’extrême droite s’en est saisie pour faire campagne contre les étrangers.
Le 27 décembre 2017, l’accusé avait suivi son ancienne petite amie, Mia, dans une droguerie de Kandel et l’avait poignardée sur place, avant d’être stoppé par des passants dans la rue. / ANDREAS ARNOLD / AP
La justice allemande a condamné à huit ans et demi de prison ferme un migrant reconnu coupable d’avoir tué à la fin de 2017 son ex-petite amie, une adolescente de 15 ans. Ce meurtre a choqué en Allemagne, et l’extrême droite s’en est saisie pour faire campagne contre les étrangers.
Le jeune demandeur d’asile débouté, qui affirme être afghan mais dont la nationalité n’a pu être établie avec certitude, risquait jusqu’à quinze ans de prison dans ce procès qui s’est déroulé devant le tribunal de Landau, dans le sud du Land de Rhénanie-Palatinat. Il a reconnu les faits et exprimé des remords durant l’audience. L’accusation estime que le jeune homme arrivé seul en Allemagne a agi par « jalousie » après que l’adolescente l’eut quitté.
Identifié comme Abdul D., le jeune demandeur d’asile a comparu devant une juridiction pour mineurs et, du coup, à huis clos, car il a affirmé avoir eu 15 ans au moment des faits. Un expert a évalué, lui, son âge à entre 17 et 20 ans et les juges ont renoncé dans le doute à une juridiction pour adultes.
Affaire exploitée par l’AfD
Les faits remontent au 27 décembre 2017. Selon plusieurs témoins, l’accusé a suivi son ancienne petite amie, Mia, dans une droguerie de Kandel. Il l’a poignardée sur place à sept reprises, avant d’être stoppé par des passants dans la rue.
Ce meurtre fait partie d’une série d’agressions très médiatisées en Allemagne impliquant des demandeurs d’asile, qui ont alimenté la colère d’une partie de la population contre les migrants et la chancelière allemande, Angela Merkel. Cette dernière est devenue la cible privilégiée de l’extrême droite en particulier, qui l’accuse d’être à l’origine d’une hausse de l’insécurité après avoir ouvert les portes du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016.
Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a fait une entrée spectaculaire à la chambre des députés il y a un an, s’est saisi très tôt du fait divers de Kandel pour répéter son message contre les migrants, avec affiches et rassemblements. Il organise régulièrement à Kandel des manifestations depuis le début de l’année – la dernière en date samedi – dont certaines ont été émaillées de violences. La cheffe du gouvernement de cette région, la Rhénanie-Palatinat, la sociale-démocrate Malu Dreyer, a qualifié d’« insupportable » ce qu’elle considère comme une récupération politique.