Pour le XV de France, la Coupe du monde pointe déjà à l’horizon
Pour le XV de France, la Coupe du monde pointe déjà à l’horizon
Par Adrien Pécout
Les Français disputeront dans un an la Coupe du monde au Japon. D’ici là, pour être du voyage, les joueurs tenteront de se distinguer en championnat.
Dans les tribunes climatisées et clairsemées de l’Arena, facile de le repérer. Jacques Brunel a suivi de près la large victoire de Clermont (40-17) sur le terrain du Racing 92, dimanche 2 septembre, en clôture de la deuxième journée du championnat. La présence du sélectionneur du XV de France à Nanterre (Hauts-de-Seine) rappelle déjà l’enjeu de la saison pour les Bleus : préparer la Coupe du monde au Japon, programmée du 20 septembre au 2 novembre 2019.
Avec leurs clubs respectifs, les joueurs français du championnat ont encore un an pour convaincre l’entraîneur national, pour l’instant pas très avancé sur qui devra l’accompagner sur le vol Paris-Tokyo. « La Coupe du monde arrive vite, assurait Jacques Brunel au Monde avant le lancement de la saison. Il faut que les joueurs soient bons au début de saison pour montrer qu’on est prêts, les échéances arrivent, et le groupe va se resserrer petit à petit. »
Le sélectionneur espère y voir déjà un peu plus clair grâce à la tournée de novembre à venir : trois tests à domicile contre l’Argentine, que les Bleus retrouveront en ouverture du Mondial, mais aussi l’Afrique du Sud et les Fidji. « Celui qui veut être présent, il faudra qu’il fasse un bon début de saison », prévient l’ancien entraîneur de l’Union Bordeaux-Bègles. Huit autres matchs permettront ensuite de se jauger : ceux du Tournoi des six nations 2019, de février à mars, puis trois matchs de préparation estivale, contre l’Ecosse et l’Italie.
Des joueurs « protégés »
Sur le papier, un premier groupe a déjà été dévoilé au mois de mai : quarante joueurs « protégés » ont bénéficié d’une intersaison aménagée cet été, avec dix semaines sans match. Tout au long de l’exercice 2018-2019, ils feront aussi l’objet d’un suivi « concerté entre les encadrements du XV de France et des clubs, au plan physique, technique et médical », selon Brunel.
Un autre groupe, dénommé « France développement », a également été constitué. Il comprend vingt rugbymen qui, à défaut d’être protégés, intéressent aussi le sélectionneur. Y figurent notamment des joueurs qui reviennent de blessure (Antoine Dupont, Maxime Machenaud, Yacouba Camara), mais aussi plusieurs Bleuets tout récents champions du monde des moins de 20 ans (Louis Carbonel, Arthur Retière, Romain Ntamack).
D’autres, eux, partent de plus loin. Des garçons comme Brice Dulin, Jules Plisson, Louis Picamoles, Jonathan Danty, Djibril Camara ou Ugo Bonneval ne font partie d’aucun de ces deux groupes. « On sait qu’il peut se passer beaucoup de choses », relativise dès à présent le deuxième ligne clermontois Arthur Iturria, qui figure quant à lui dans le groupe des « protégés ».
Le football en exemple
Dit autrement : Jacques Brunel bricole. Il n’est pas le premier sélectionneur dans ce cas. Le Gersois fait avec, lui qui a pris ses fonctions il y a moins d’un an, en remplacement de Guy Novès, limogé sans manières. Le nouveau patron des Bleus a déjà convoqué ses « protégés » pour un stage de présaison à Marcoussis (Essonne), du dimanche 5 au samedi 11 août. Six jours « comprenant des entretiens individuels, des visites médicales, des séances spécifiques de travail physique et de récupération […] conjointement menées avec les clubs », d’après le communiqué fédéral.
Six jours, surtout, pour vivre ensemble, « travailler ensemble, souffrir ensemble », résume le Castrais Mathieu Babillot, champion de France en titre avec son club. Un laps de temps très court, mais déjà appréciable pour des joueurs d’ordinaire dispersés dans leurs clubs respectifs. Le troisième ligne évoque un barbecue pour clôturer le stage. « Avant, on avait organisé des mini-olympiades pendant la préparation physique, un challenge à quatre équipes. L’équipe qui a fini dernière – la mienne – a dû aider à faire les grillades. » La thérapie par la chipolata pour une équipe fâchée avec la victoire.
Comme beaucoup, Jefferson Poirot souligne l’importance d’avoir « un vécu commun, des histoires communes, un peu comme en club ». « On commence à sentir un groupe », selon le pilier de l’Union Bordeaux-Bègles, qui rappelle l’existence d’un fil de discussion « WhatsApp » entre les membres du XV de France. « Dès qu’un joueur se trouve sur la liste du XV de France, il entre dans le groupe de discussion. S’il sort de la liste, malheureusement, il sort aussi du groupe. »
Dans les allées de Marcoussis, on a aussi parlé de football et de ces Bleus champions du monde au mois de juillet. « On a parlé de la fierté, de l’exemple que ça peut donner », reconnaît Jacques Brunel. Son équipe semble encore loin d’une telle consécration : sur ses dix derniers matchs, le XV de France reste sur sept défaites, deux victoires et un match nul.