Les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et le Canada : ces cinq pays, qui forment l’alliance dite « Five Eyes » dans le renseignement, ont signé une déclaration commune, à l’issue d’un sommet commun sur la sécurité informatique, les 28 et 29 août. Le texte évoque largement la question du chiffrement des communications, qui s’est considérablement développé ces dernières années et rend l’interception des communications extrêmement difficile. Les technologies déployées par des services comme WhatsApp font que seuls l’émetteur et le destinataire d’un message peuvent le lire, ce qui complique la tâche des enquêteurs dans de nombreux dossiers.

« Les agences de maintien de l’ordre de nos pays ont besoin des concepteurs [de services en ligne] afin qu’ils nous aident à appliquer des décisions de justice, peut-on lire dans le communiqué. Sans cela, les décisions des tribunaux qui autorisent un accès légitime aux informations seront de plus en plus vidées de leur sens, ce qui menace les fondements du système juridique de nos Etats démocratiques. »

Conséquence des révélations Snowden

Le texte ne se hasarde pas à évoquer des solutions techniques, mais rejette la responsabilité aux opérateurs des services de communication. Or, les systèmes de chiffrement des communications modernes, dits de « bout en bout », sont conçus pour que personne, y compris les administrateurs de la messagerie, ne puisse accéder au contenu des messages. Certains gouvernements ou magistrats, dont la France et le Royaume-Uni, ont évoqué à plusieurs reprises l’idée de contraindre ces opérateurs à introduire volontairement des failles dans leurs logiciels. Une idée dénoncée unanimement comme dangereuse, et dans certains cas impossible à réaliser techniquement, par tous les spécialistes du chiffrement.

Ironiquement, ces technologies de chiffrement, relativement peu utilisées durant les années 2000, ont connu un développement exponentiel après les révélations d’Edward Snowden en 2013. Le lanceur d’alerte avait montré l’existence du gigantesque système de surveillance d’Internet mis sur pied par… les « Five Eyes ». C’est principalement en réaction à l’existence de ce vaste système, mis sur pied quasi sans aucun contrôle judiciaire, que les géants du Web ont commencé à adopter massivement le chiffrement « de bout en bout ».