La succession pour le perchoir de l’Assemblée ranime les rivalités au sein de LRM
La succession pour le perchoir de l’Assemblée ranime les rivalités au sein de LRM
Par Alexandre Lemarié
Le chef de file des députés de la majorité, Richard Ferrand, fait figure de favori pour le poste de président du Palais-Bourbon.
François de Rugy, lors de la passation des pouvoirs avec Nicolas Hulot, le 4 septembre. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"
Un vrai jeu de chaises musicales. La nomination de François de Rugy au ministère de la transition écologique et solidaire, mardi 4 septembre, en remplacement de Nicolas Hulot, entraîne mécaniquement des changements dans les postes à responsabilité au sein du Parlement. Première conséquence : le départ de M. de Rugy de la présidence de l’Assemblée nationale ouvre une guerre de succession au sein de la majorité.
L’actuel chef de file des députés La République en marche (LRM), Richard Ferrand, fait figure de favori pour le remplacer au perchoir. Le député du Finistère, macroniste de la première heure, a annoncé sa candidature, mercredi 5 septembre, dans le Télégramme. Tout sauf une surprise au sein du Palais-Bourbon, l’ex-député socialiste de 56 ans n’ayant jamais caché son souhait de briguer le poste de quatrième personnage de l’Etat. Depuis le début de la législature, M. Ferrand lorgnait le poste de M. de Rugy, au point qu’une guerre froide s’était peu à peu installée entre eux. D’où l’intérêt, pour l’exécutif, de les changer de poste pour mettre un terme à cette lutte d’influence.
Après des débuts compliqués à la tête du groupe, les actions politiques de M. Ferrand sont remontées à la hausse ces dernières semaines grâce à sa gestion, jugée réussie, de l’affaire Benalla fin juillet. Beaucoup, au sein de la Macronie, l’ont jugé « solide » au moment où le bateau macroniste tanguait de toutes parts.
« Richard Ferrand est le plus légitime »
Mais M. Ferrand n’est pas le seul prétendant au sein de la majorité. La députée des Yvelines, Yaël Braun-Pivet, est également candidate à la présidence de l’Assemblée. Celle qui s’est fait remarquer à la tête de la commission des lois lors des auditions pendant l’affaire Benalla l’a indiqué mardi dans un mail envoyé à ses collègues, en promettant de « poursuivre les réformes » pour « moderniser et ouvrir » l’Assemblée.
Autre prétendante : la députée LRM de l’Isère Cendra Motin. Nouvelle venue en politique, cette ex-dirigeante d’une entreprise de ressources humaines, aujourd’hui membre de la commission des finances, porte donc à trois le nombre de candidats pour remplacer M. de Rugy. Mais la liste pourrait s’allonger.
Les candidats ont jusqu’à mercredi 5 septembre à minuit pour se faire connaître, avant un vote interne lundi 10 septembre lors du séminaire de rentrée des élus LRM, à Tours, pour les départager. Puis deux jours plus tard, les 577 députés du Palais-Bourbon voteront pour élire leur président lors de l’ouverture de la session. Des candidatures de plusieurs bords seront possibles, mais le prochain détenteur du perchoir sera à coup sûr issu de LRM, le groupe macroniste disposant à lui seul de la majorité absolue.
En attendant, la guerre de succession a déjà démarré au sein de la majorité. Et chacun est appelé à se positionner pour son candidat. Le questeur Florian Bachelier, proche de M. Ferrand, a lancé la campagne interne en indiquant son « souhait » de voir ce dernier accéder à la présidence de l’Assemblée. Si M. Ferrand fait figure de favori, une surprise n’est pas à exclure car le vote interne au sein du groupe LRM aura lieu à bulletin secret et plusieurs députés militent pour qu’une femme prenne le perchoir. « Richard Ferrand est le plus légitime et capé pour la fonction. Mais il y a toujours une campagne… », résume un pilier du groupe. D’autant que l’affaire judiciaire des Mutuelles de Bretagne le concernant est toujours à l’instruction, et l’éventualité d’une mise en examen toujours possible.
« Nouveaux visages, nouveaux usages »
Face à lui, Yaël Braun-Pivet se pose comme la représentante du « nouveau monde » face à l’ancien. « Nouveaux visages, nouveaux usages, telle est la dynamique qui nous a portés jusqu’ici et qui doit continuer à nous animer », a souligné l’ex-avocate, novice en politique jusqu’en 2017, dans le message qu’elle a envoyé à ses collègues.
Réaction en chaîne : le probable départ de M. Ferrand de la tête du groupe macroniste à l’Assemblée donnera lieu à une élection interne pour désigner son remplaçant. Celle-ci est programmée le 18 septembre. Le vice-président du groupe, Gilles Le Gendre, est présenté comme le favori pour lui succéder. Spécialiste des questions économiques, cet ex-journaliste a déjà présidé plusieurs réunions de groupe ces derniers mois lorsque M. Ferrand a pu être absent. Des poids lourds de la majorité font état d’un accord entre Matignon et M. Ferrand pour introniser le député de Paris à la tête du groupe.
Mais M. Le Gendre ne devrait pas être le seul candidat en lice. Plusieurs députés ne manquant pas d’ambition – en particulier dans la jeune génération – sont également tentés de postuler. Parmi les candidats potentiels figurent notamment le député des Hauts-de-Seine Gabriel Attal, ou la porte-parole du groupe LRM élue des Yvelines, Aurore Bergé. Au risque de réveiller les rivalités internes existantes chez les députés de la majorité.