C’est un élément dont le gouvernement et Emmanuel Macron se seraient bien passés. Selon les informations du Monde, le déficit public pourrait être proche des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019. Loin des objectifs envoyés par Bercy à la Commission européenne au printemps, et qui prévoyaient 2,4 % de déficit en 2019, après 2,3 % en 2018. Une difficulté pour la France qui a eu tant de mal à sortir de la procédure pour déficit excessif en le maintenant sous la barre des 3 % en 2017 et 2018.

Mais un communiqué de l’Insee, paru jeudi 6 septembre, vient tout remettre en cause. Selon l’institut de la statistique, le déficit qui va être notifié à Bruxelles début octobre sera finalement de 2,7 % au titre de 2017, et non plus de 2,6 % comme on le pensait jusqu’à présent – selon la procédure européenne, les pays font connaître leur déficit deux fois par an, en avril et en octobre. C’est donc 0,1 point de PIB en plus, soit environ deux milliards d’euros. L’Insee a également revu à la hausse le déficit pour 2016 (3,5 % au lieu de 3,4 %).

Mais ce n’est pas tout. Cette augmentation devrait aussi se reproduire en 2018 et 2019. En cause, le traitement de la reprise par l’Etat des 35 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau, l’entreprise qui gère l’infrastructure ferroviaire. Jusqu’ici, le gouvernement s’était toujours montré rassurant sur les conséquences de cette reprise pour les finances publiques.

Mais un autre élément a finalement été retenu par les experts de l’Insee : le « besoin de financement » de SNCF Réseau, lié au fait que les recettes de l’entreprise ne suffisent pas à couvrir ses coûts d’exploitation et ses investissements. « A comptes identiques de SNCF Réseau, cela devrait se reproduire dans les prochaines années », indique un bon connaisseur du dossier.

Dérapages

Au cabinet du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, on confirme que « la réintégration de ces éléments pèsera sur le déficit à hauteur de 0,1 point de PIB cette année et l’an prochain ». Mais, assure-t-on, les mesures annoncées fin août par le premier ministre dans Le Journal du dimanche (désindexation des prestations sociales, décalage de quatre points de la baisse de cotisations sur les salaires au smic…) visaient déjà à rectifier le tir. « Nous annoncerons le déficit 2019 la semaine prochaine », temporise-t-on à Bercy.

Une source gouvernementale relativise les conséquences de ces dérapages. « Si nous devions passer les 3 %, il ne faut pas oublier que le déficit ne sera en réalité que de 2 %, puisque la dépense exceptionnelle liée à la transformation du CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi] en baisse pérenne des charges représente près d’un point de PIB. Ensuite, nous nous défendrons devant la Commission européenne : ils ne peuvent pas nous demander de faire des réformes structurelles et nous le reprocher quand nous en faisons. Mais, de toute façon, la Commission sera politiquement un peu affaiblie en 2019, puisqu’en plein renouvellement… Mais si on est à 1,5 % de croissance économique en 2019, on passera les 3 % de déficit. »

De fait, le ralentissement de la croissance économique ajoute une autre ombre au tableau. Attendue à 1,9 % pour 2019 dans le programme de stabilité envoyé à Bruxelles en avril, elle est désormais prévue à 1,7 % par le gouvernement. Qu’elle vienne à se tasser encore, et de nouvelles sources d’économies devraient être trouvées.

En tout état de cause, c’est un exercice d’équilibriste auquel Bercy est confronté. Ce que laissait déjà deviner M. Le Maire, fin août, évaluant le déficit 2018 autour de 2,6 %. Il avait également affirmé : « Notre objectif reste de tenir les 3 % en 2019. »