Yusra et Sarah Mardini, le 17 novembre 2016 à Berlin, lors de la remise des Bambi awards. / AXEL SCHMIDT / AFP

Sarah Mardini s’était fait connaître en 2015 avec sa sœur Yusra lors de leur traversée de la Méditerranée. Alors que leur bateau était tombé en panne, les deux jeunes femmes syriennes s’étaient jetées à l’eau pour tirer le bateau vers la terre ferme, en direction de l’île grecque de Lesbos. Toutes deux étaient des nageuses confirmées, Yusra ayant même participé aux Jeux olympiques de Rio dans l’équipe des athlètes réfugiés.

Trois ans plus tard, Sarah Mardini a été interpellée en Grèce, la semaine dernière, a annoncé son avocat, Haris Petsikos. Elle est accusée d’avoir participé à un réseau criminel d’aide à l’immigration irrégulière.

Arrêtée le 21 août sur l’île de Lesbos, en mer Egée, où elle aidait les réfugiés au sein de l’ONG ERCI, la jeune femme de 23 ans a été placée en détention provisoire à la prison athénienne de Korydallos. Sarah Mardini et un autre volontaire, le Germano-Irlandais Sean Binder, arrêté avec elle et placé en détention sur l’île de Chios, près de Lesbos, « rejettent toutes les charges » qui les visent, a déclaré Me Petsikos. Ils ont notamment été inculpés de « participation à une organisation criminelle », « violation de secrets d’Etat » et « recel », crimes passibles de la réclusion à perpétuité.

« Criminalisation de l’aide aux réfugiés »

Selon la police grecque, les membres impliqués de l’ONG offraient « un concours direct aux réseaux organisés de trafic de migrants », en s’informant à l’avance des arrivées sur les îles et en organisant l’accueil des exilés, mais sans transmettre leurs informations aux autorités.

D’après le Guardian, qui revient sur l’histoire des sœurs Mardini, l’enquête dure depuis plus de six mois, et « des soupçons sont apparus en février dernier, quand Mardini et Binder ont été arrêtés alors qu’ils conduisaient un 4 x 4 muni de fausses plaques d’immatriculations ».

« Pour moi, il s’agit clairement d’un cas de criminalisation de l’aide aux réfugiés », a commenté MPetsikos. Il a relevé que ses deux clients étaient absents de Grèce à plusieurs dates où certains faits leur sont reprochés. L’avocat a déposé une demande de remise en liberté de Sarah, qui vit en Allemagne avec sa famille et y est boursière au collège Bard de Berlin, en première année de sciences économiques et sociales.