Enquête interne après le bizutage d’élèves infirmiers au CHU de Toulouse
Enquête interne après le bizutage d’élèves infirmiers au CHU de Toulouse
Quelque 250 étudiants en ont été victimes le jour de leur rentrée. La CGT et la direction de l’hôpital ont dénoncé cette opération « de grande ampleur ».
The entrance to the Hopital Pierre-Paul Riquet of the University Hospital Centre (CHU) in Toulouse, southern France, is pictured on January 6, 2018. / AFP PHOTO / REMY GABALDA / REMY GABALDA / AFP
« Un bizutage de grande ampleur », c’est ce que dénonce la CGT de l’hôpital de Toulouse, dans un communiqué repris notamment par La Dépêche du Midi, jeudi 6 septembre. Selon le syndicat, 250 étudiants de première année de l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers), qui dépend du CHU de Toulouse, ont été victimes de bizutage lors de la rentrée.
« L’ensemble des premières années étaient réunies dans un amphithéâtre lorsque une centaine d’étudiants d’autres années ont fait irruption dans le cours. L’opération de bizutage a alors commencé. Dans un premier temps, les étudiants ont été attachés par deux avec du scotch dans l’amphithéâtre, certains et certaines avec les mains entre les jambes », relate la CGT. La Dépêche publie plusieurs photos de ce bizutage, qui ont été transmises par le syndicat. Elles montrent des jeunes assis avec les cheveux recouverts d’une substance blanche, ainsi que des gros plans sur des poignets attachés avec du ruban adhésif et un pénis dessiné sur la joue d’une jeune femme.
Le syndicat précise que les étudiants ont été ensuite « aspergés avec divers produits : œufs, farine, vinaigre, Coca, Bétadine, Ketchup, mayonnaise, pâtée pour chiens… Y compris dans les yeux ». « Ils ont été sommés de chanter une chanson contenant des propos dégradants : “La fellation c’est tellement bon…” Lorsqu’ils refusaient, des œufs leur étaient jetés dessus. Cela a duré plus d’une heure. Plusieurs étudiants ont essayé de quitter le groupe lorsque le bizutage a commencé, ils en ont été empêchés », poursuit la CGT, qui révèle aussi que cette même opération a eu lieu en 2017.
« Humiliation groupée »
Les faits ont également été condamnés par la direction du CHU de Toulouse, qui déplore des « réminiscences » d’une tradition inacceptable et a lancé une enquête interne. « Ces manifestations ne sont pas conformes aux valeurs hospitalières de l’établissement. La direction générale du CHU, en lien avec le CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail], a lancé une enquête interne sur les événements qui se sont déroulés au cours de la journée du 5 septembre. A l’issue de cette enquête, s’il devait être constaté des débordements contraires à la règle instituée, dans l’enceinte du PREFMS [pôle régional d’enseignement et de formation aux métiers de la santé], un rappel à la discipline sera engagé contre les responsables », explique le CHU dans un courriel à La Dépêche du Midi.
De son côté, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) a jugé « inacceptable » les actes commis sur les élèves de première année, « victimes d’une humiliation groupée ». « Par tradition, des membres des promotions supérieures ont organisé un temps d’intégration sans consultation préalable expliquant les activités menées, ni avec la direction de l’institut de formation, ni avec l’association des étudiants de l’IFSI », indique-t-elle dans un communiqué, vendredi.
La pratique du bizutage est formellement interdite depuis la loi du 17 juin 1998 qu’avait portée Ségolène Royal, alors ministre de l’enseignement scolaire. « Hors les cas de violences, de menaces ou d’atteintes sexuelles, le fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants ou à consommer de l’alcool de manière excessive, lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende », dispose l’article 225-16-1 du code pénal.