Football : rentrée réussie pour des Bleus solides et disciplinés
Football : rentrée réussie pour des Bleus solides et disciplinés
Par Rémi Dupré (Munich, Allemagne, envoyé spécial)
Les champions du monde ont neutralisé (0-0) l’Allemagne, jeudi 6 septembre, en ouverture de la Ligue des nations.
Antoine Griezmann et Didier Deschamps, jeudi 6 septembre, à Munich. / WOLFGANG RATTAY / REUTERS
Assumer pleinement ce nouveau statut de champion du monde tout en gardant les pieds sur terre. Tel était le défi que s’étaient lancés les Bleus avant d’affronter l’Allemagne, jeudi 6 septembre, à la Fussball Arena de Munich, en ouverture de la Ligue des nations, cette compétition créée par l’Union des associations européennes de football (UEFA) en marge des qualifications à l’Euro 2020. Près de deux mois après son sacre moscovite, force est de constater que l’équipe de France a réussi sa rentrée. Toujours aussi compacte et disciplinée, elle a ramené de Bavière un nul (0-0) satisfaisant face à une Nationalmannschaft éliminée au premier tour du Mondial russe, et en pleine convalescence.
Malgré des scories dans la transmission du ballon et des états de forme disparates, Didier Deschamps a esquissé un large sourire au coup de sifflet final. « Il y a eu du déchet technique mais le côté positif, c’est qu’on est toujours solides, a estimé le sélectionneur des Tricolores, au terme de cette rencontre très équilibrée face aux quadruples champions du monde (1954, 1974, 1990, 2014). On a fini le match à l’énergie. »
Pour les Bleus, ce retour aux affaires courantes s’avérait périlleux. En retrouvant ses protégés, Deschamps les avait alertés quant au risque de « décompression » post-Coupe du monde. Lui-même avait fait les frais de ce relâchement, le 5 septembre 1998, soit deux mois après avoir soulevé le mythique trophée comme capitaine de l’équipe de France. Ce jour-là, « DD » et ses partenaires avaient ramé pour arracher un nul piteux (1-1) contre la modeste sélection d’Islande, à Reykjavik, dans le cadre des qualifications à l’Euro 2000.
Les mésaventures récentes de l’Allemagne, encore traumatisée par son fiasco en Russie et la polémique née de la retraite internationale de son milieu d’origine turque, Mesüt Ozil, laissaient présager une réaction d’orgueil. En quête d’un nouveau cycle, les joueurs de la Nationalmannschaft et leur indéboulonnable sélectionneur, Joachim Löw, rêvaient d’offrir à leurs supporteurs le scalp des champions du monde.
Les exploits d’Alphonse Areola
Sous une pluie battante, les joueurs allemands ont bien failli réussir leur coup. A l’agonie en deuxième période, les Bleus ne doivent leur salut qu’à leur gardien Alphonse Areola, 25 ans, auteur de plusieurs arrêts robotiques pour sa première sélection. Troisième dans la hiérarchie en équipe de France, le portier du Paris-Saint-Germain a profité du forfait du capitaine et numéro 1 Hugo Lloris et de sa doublure, Steve Mandanda, pour s’illustrer et prendre date. A la Fussball Arena, il n’a rien eu à envier à son homologue allemand Manuel Neuer, vainqueur du Mondial 2014 au Brésil, référence à son poste, et lui aussi décisif sur sa ligne.
« Ce soir, l’opportunité s’est présentée. Il l’a bien saisie avec son calme et sa sérénité habituels », a déclaré, des trémolos dans la voix, Deschamps à propos de son gardien. Lequel a reconnu avoir été animé par un « sentiment d’invincibilité » dans sa cage. A Munich, Areola était d’ailleurs le seul élément titularisé à n’avoir pas disputé la finale de la Coupe du monde contre la Croatie.
Pour récompenser son groupe, irréprochable et soudé en Russie, le sélectionneur avait choisi de conserver son équipe type outre-Rhin. Il a ainsi pu constater que ses milieux Paul Pogba et N’Golo Kanté, si précieux et combatifs dans les duels, restaient sur leur lancée du Mondial. Au rayon des satisfactions figurent également l’arrière gauche Lucas Hernandez, tranchant sur son aile, et la charnière centrale composée de Raphaël Varane et de Samuel Umtiti, auteurs d’un sans- faute en Bavière.
Quant au jeune (19 ans) prodige Kylian Mbappé, il a émerveillé le public munichois en multipliant les dribbles inventifs et les talonnades. Branché sur courant alternatif, l’attaquant du PSG n’est toutefois pas parvenu à perforer le bloc allemand. En étrennant leur nouveau maillot à deux étoiles, certains Bleus ont déçu comme l’arrière droit Benjamin Pavard, souvent pris de vitesse, ou le milieu Blaise Matuidi, en manque de repères.
Tour d’honneur prévu au Stade de France
« Ce n’est jamais évident, un match de rentrée, la plupart des joueurs ont repris l’entraînement il y a trois semaines seulement », a insisté Deschamps, plutôt rassuré par la performance de sa formation. Dimanche 9 septembre, contre les Pays-Bas, les Tricolores tenteront de remporter leur première victoire dans cette Ligue des nations. La réception des Oranje, qui ne se sont plus qualifiés pour une grande compétition depuis le Mondial 2014, annonce surtout des retrouvailles festives entre les Bleus et le public du Stade de France. Les champions du monde feront d’ailleurs un tour d’honneur après la rencontre.
A l’heure des célébrations, Deschamps donnera-t-il davantage de temps de jeu à ses remplaçants ? « Faire tourner ou pas, tout est possible », a balayé le sélectionneur, enclin à remodeler son groupe lors du prochain rassemblement. Avec en ligne de mire la manche retour contre l’Allemagne, à Saint-Denis, le 16 octobre. Les Bleus devront alors encore assumer leur statut.