Les députés LRM élisent leur candidat à la présidence de l’Assemblée nationale
Les députés LRM élisent leur candidat à la présidence de l’Assemblée nationale
Par Alexandre Lemarié
Le candidat choisi lundi sera quasi assuré d’être désigné président de l’Assemblée nationale, deux jours plus tard, dans l’hémicycle, les élus macronistes disposant à eux seuls de la majorité absolue.
C’est l’heure du choix. Les 312 députés de La République en marche (LRM) sont appelés à élire leur candidat à la présidence de l’Assemblée nationale pour succéder à François de Rugy, lundi 10 septembre, au premier jour de leur séminaire de rentrée, qui se déroule jusqu’à mardi midi à Tours. Le vote démarre à 9 heures, avant une proclamation des résultats vers 13 heures, en cas de victoire dès le premier tour avec plus de 50 % des voix. Si un second tour est nécessaire, il aura lieu de 13 h 15 à 16 h 15. Le candidat élu sera alors quasi assuré d’être désigné président de l’Assemblée, deux jours plus tard, dans l’hémicycle – les élus macronistes disposant à eux seuls de la majorité absolue.
Sur les quatre candidats en lice, un duel se profile entre Richard Ferrand et l’ex-secrétaire d’Etat Barbara Pompili. Les deux autres prétendants, la députée de l’Isère Cendra Motin et celui du Tarn Philippe Folliot, semblent moins armés pour succéder à M. Rugy. Candidat préféré de l’Elysée, M. Ferrand fait figure de favori. Ce macroniste de la première heure, chef de file des députés LRM jusque-là, apparaît pour beaucoup comme « le plus légitime et le plus capé ». Mais l’ex-député socialiste pâtit de plusieurs points faibles. L’affaire des Mutuelles de Bretagne, qui l’avait contraint à quitter le gouvernement dès le début du quinquennat, pèse notamment encore comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Et une victoire surprise de Barbara Pompili n’est pas inimaginable lors de ce vote interne à bulletins secrets.
Derrière la bataille du perchoir, celle du groupe
L’ex-secrétaire d’Etat à la biodiversité de François Hollande aimerait envoyer un « signal fort » en étant la première femme à accéder au perchoir. Cette évolution était déjà un thème de campagne en juin 2017. L’écologiste a récolté des soutiens en nombre croissant ces derniers jours, dans le sillage du député Matthieu Orphelin, un proche de Nicolas Hulot. Le fait d’incarner une candidature écologiste constitue un atout pour l’ex-élue Europe Ecologie-Les Verts (EELV), car les attentes et les inquiétudes sont fortes après le départ de Nicolas Hulot. Seule certitude : la séquence a pour effet d’éveiller des ambitions chez les 312 députés macronistes et, par ricochet, d’exacerber les rivalités entre eux. « Avec le remaniement, Macron a tenté de régler plusieurs problèmes (…) Le hic, c’est qu’il met le feu à l’Assemblée », regrette un député LRM.
Une défaite surprise de M. Ferrand serait synonyme d’échec pour l’Elysée, qui a poussé en coulisse la candidature de ce proche de M. Macron. Si ce dernier l’emporte, son score sera à examiner à la loupe. « L’enjeu, c’est de savoir si Richard sera bien élu ou non. Et donc s’il sera vraiment légitime – ou non – au perchoir », résume un député LRM. Le député du Finistère espère réaliser un meilleur score que François de Rugy, qui avait été élu candidat pour le perchoir dès le premier tour en juin 2017, avec 153 voix, contre 59 pour Sophie Errante, 54 pour Brigitte Bourguignon – deux ex-socialistes – et 32 pour l’ex-UDI Philippe Folliot.
Une autre bataille sera lancée dans la foulée : celle pour la tête du groupe. Une fois le scrutin pour le perchoir passé, les postulants à cet autre scrutin interne, prévu pour le 18 septembre, devraient se dévoiler. Son sort est encore plus imprévisible car aucun candidat n’est pour l’instant officiellement déclaré. Et les prétendants possibles pourraient être jusqu’à une dizaine. Les noms de Gabriel Attal, Aurore Bergé, Brigitte Bourguignon, Roland Lescure, Hugues Renson, Laetitia Avia, Amélie de Montchalin, ou Coralie Dubost circulent. Mais aucun ne fait vraiment l’unanimité. Le vice-président du groupe, Gilles Le Gendre, dont la candidature est poussée par M. Ferrand, semble partir avec un léger avantage. Mais en cas de défaite de ce dernier au perchoir, M. Le Gendre pourrait pâtir de la volonté d’élire une femme à la tête du groupe.
Mardi lors de la seconde journée de séminaire, le premier ministre Edouard Philippe participera à une « réunion de groupe extraordinaire » des députés LRM, en présence de la presse. Il devrait rappeler la détermination de l’exécutif à poursuivre les réformes, après une rentrée chaotique, entre démission brutale de Nicolas Hulot et hésitations sur le prélèvement à la source. Des textes importants (projet de loi pacte pour les entreprises, agriculture et alimentation, fraude fiscale, logement…) étant au menu de l’automne au Parlement.
Des poids lourds du gouvernement présents
Edouard Philippe ne viendra pas seul. Quatre poids lourds du gouvernement seront également du voyage pour participer à trois « ateliers législatifs », lundi après-midi. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et celui de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, présenteront le projet de loi de finances pour 2019 aux parlementaires LRM.
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, détaillera, elle, le contenu du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, qui sera examiné au Parlement à l’automne, et le projet de loi sur les questions de bioéthique. Enfin, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, animera un troisième atelier législatif. Elle doit présenter le projet de loi de programmation 2018-2022 et la réforme de la justice, qui doit être débattue devant le Parlement en octobre et votée en février 2019.
« Ce sont des réformes clés, donc il est essentiel que le groupe et le gouvernement soient soudés pour assurer leur bonne mise en œuvre », souligne un pilier de la majorité. Ce séminaire de rentrée sera le quatrième auquel participent les députés LRM depuis le début du quinquennat. Avec l’objectif de renforcer le lien entre le groupe majoritaire et un exécutif à la peine.