Le Croate Luka Modric et Aleksander Ceferin, président de l’UEFA, le 30 août 2018. / Claude Paris / AP

Près de vingt ans après la disparition, en 1999, de la Coupe des Coupes, l’Union des associations européennes de football (UEFA) s’apprête à recréer une troisième compétition, en complément de la Ligue des champions et de la Ligue Europa. L’information émane, non pas de la Confédération continentale, mais de l’Italien Andrea Agnelli, patron de la Juventus Turin et surtout président de la très influente Association européenne des clubs (ECA).

« Le feu vert a été donné à la création d’une troisième compétition européenne de clubs, portant à 96 (contre 80 aujourd’hui) le nombre total de clubs participant aux compétitions, à partir de la saison 2021-2022 », a indiqué, mardi 12 septembre, M. Agnelli, par ailleurs membre du comité exécutif (gouvernement) de l’UEFA, lors de l’assemblée générale de l’ECA à Split (Croatie).

A la suite « des demandes de membres de l’ECA d’augmenter le nombre de clubs participants aux compétitions de clubs de l’UEFA, l’option privilégiée a été de développer une 3e compétition avec 32 équipes », a ajouté le dirigeant de la « Juve », dans un communiqué publié par l’ECA.

De son côté, l’UEFA assure qu’elle « réfléchit en permanence au format de ses compétitions, étudie une variété d’options » et « discute de différentes idées au sein de la commission des compétitions de clubs, avant qu’une décision ne soit prise sur des changements potentiels. »

Donner des gages aux petites nations

En marge du tirage au sort de la phase finale des compétitions européennes, à Monaco, la commission des compétitions de l’UEFA avait arrêté, fin août, le principe de cette troisième compétition.

Cette orientation a été prise alors qu’entre en vigueur, cette saison, la nouvelle formule de la Ligue des champions pour le cycle 2018-2021. Ce remodelage de la compétition reine, décidé à l’été 2016, accorde seize places sur 32 aux équipes du « big four » européen (Espagne, Angleterre, Italie, Allemagne). Cette réforme a été jugée inéquitable par de nombreux pays, comme la France (5e nation au coefficient UEFA).

En ressuscitant le concept d’une troisième compétition européenne, réservée aux clubs moyens, l’UEFA et son président, le Slovène Aleksander Ceferin, donnent ainsi des gages aux petites nations du Vieux continent.

Elu en septembre 2016 et candidat à un deuxième mandat, le successeur de Michel Platini (2007-2015) entend ménager ses électeurs, notamment les dirigeants des fédérations des pays de l’Est, dans l’optique du prochain scrutin, prévu en février 2019. Seize nouvelles équipes seraient ainsi conviées à disputer la Coupe d’Europe dès 2021.

Gonfler les revenus commerciaux

Le lancement de cette troisième compétition doit être approuvé, le 3 décembre, par le comité exécutif de l’UEFA, réuni à Dublin (Irlande). Des discussions devraient avoir lieu à partir du 27 septembre, lors du prochain comité exécutif, à Nyon (Suisse), au siège de la confédération.

La réforme impliquera de faire baisser de 48 à 32 le nombre d’équipes qualifiées pour la phase finale de la Ligue Europa. L’UEFA n’a pas donné de précision quant aux modes de qualification pour cette troisième compétition européenne.

Sur un plan financier, cette réforme permettra aussi à l’instance de gonfler ses revenus commerciaux (droits télévisés, marketing), stimulés par ailleurs par l’ouverture en septembre de la Ligue des nations au niveau des équipes nationales.

Au terme de l’exercice 2017-2018, l’UEFA avait reversé 1,7 milliard d’euros aux équipes engagées en Coupes d’Europe sur les 2,35 milliards d’euros générés par la Ligue des champions et la Ligue Europa. Cette saison, la richissime confédération a estimé à 3,25 milliards d’euros ses recettes commerciales brutes et devrait redistribuer 2,55 milliards d’euros aux clubs participants.

Le lancement de cette troisième compétition, nimbée d’un doux parfum rétro, évoque des souvenirs agréables en France : le Paris-Saint-Germain a remporté la Coupe des coupes en 1996, en battant le Rapid de Vienne (1-0). Un an plus tard, le club de la capitale, alors propriété de Canal+, n’avait pu conserver sa couronne, s’inclinant (1-0) en finale contre le FC Barcelone du Brésilien Ronaldo.